Non non, l'idéologie gothique n'a pas encore envahi mon esprit et n'a pas encore perverti ma joie de vivre. Certains auront peut-être saisi la réference au merveilleux titre des Doors, The End. L'occasion de vous parler du premier album du groupe, et d'y aller de mon petit avis de dix-huitard ancré dans les années 60 !
Depuis quelques temps déjà, je redécouvre cette époque à travers les groupes majeurs qui ont formés le rock qu'on peut aujourd'hui écouter, et ce, suite à la découverte de l'album de Bob Dylan, Blonde on Blonde (pour moi, chef d'oeuvre absolu de la musique contemporaine ^^), dans mon grenier (pas très original okay, mais ça a le mérite d'être complétement faux, étant donné que j'ai découvert Bob Dylan à travers le titre The Hurricane qui m'avait bluffé, et que j'avais téléchargé (bouh !) un peu par erreur !). Enfin toujours est-il qu'après m'être plongé dans cette époque, j'ai commencé à me passionner pour l'histoire des Doors, éphémères mais éternels !
Comme j'allais donc le dire avant de m'interrompre moi même , le premier album du groupe, tantôt appelé The Doors, ou Elektra, du nom du label de l'époque, est pour moi le meilleur album de la formation. Pourtant, on ne peut pas vraiment dire, au regard des 11 titres, que le génie littéraire de Jim Morrison a pris le dessus sur les influences rock'n roll de leurs prédecesseurs. Pourtant, il se dégage de cet album une incroyable cohérence, à tel point qu'aux premières notes de Break on Through, je sais déjà que je suis bon pour écouter les 10 autres titres !
Cette cohérence disais-je donc, est renforcée par une patte sonore, le son porte un grain, que ce soit dans la manière de jouer du synthé de Manzarek, ou dans l'appréhension de la guitare de Krieger, qui est reconnaissable entre mille. Mais là où le tour de force concrétise l'absolue nécessité de cet album, c'est quand cette cohérence se met au service de la diversité des 11 titres qui tapissent le vinyle, tantôt mélancolique, tantôt péchu comme jamais, on passe de morceaux cultes en morceaux cultes sans pour autant perdre le fil conducteur de l'album.
Ayant presque 41 ans, cet album n'en reste pas moins résolument moderne, là où certains ne sont plus qu'un témoignage historique pour comprendre le cheminement du rock'n roll, The Doors est plus que cela, son blues intemporel est décliné au fil des chansons, porté par la voix sublime de Morrison, tantôt brut, dans Back Door Man, tantôt plus libre comme pour Break On Through, mais toujours soutenues par une orchestration sans faille. Les mélodies n'en sont pas moins oubliées, et s'émancipent par moment du blues traditionnel conducteur, formant le style particulier des Doors, dans les envolées de Manzarek plus particulièrement. On en retient des thèmes rodés, appuyés par une basse calibrée à la milliseconde. Mention spéciale tout de même à mes deux titres favoris, I Looked At You et Take It As It Comes, finalement assez proches, mais terriblement grisant !
Pour finir, je ne vais pas vous repasser la génèse du groupe, mais la plupart des morceaux présents sur cet album sont déjà depuis plusieurs années jouées en live par le groupe, et ont ainsi connu une longue évolution qui les a amené à ce qu'ils sont sur cet album. Et notamment pour le titre qui conclue l'album, The End (qu'il porte bien son nom !) qui a été modifié au fil des envies de Jim Morrison, et ce directement en live, lui conférant au final ses évocations patricides et incestueuses, introduisant le génie de Morrison.
Bref, vous l'aurez peut-être compris, cet album est l'archétype de celui qui n'arrive pas souvent et qui risque de ne jamais se reproduire, ôde au blues, il en brise les règles sans pour autant s'émanciper du ton traditionnel de cette musique, paradoxe parfaitement maitrisé, tellement le maitre mot de cette galette est le suivant, cohérence ! Faisant de The Doors la composition du genre la plus morderne qui soit, modernité encore bluffante aujourd'hui.