Pour le quatrième mois consécutif, le moral des ménages a reculé en décembre. L'indicateur qui le mesure a perdu un point à - 29 en données corrigées des variations saisonnières, après le très mauvais chiffre de novembre (en recul de 5 points, à - 28 ), a annoncé l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dans son enquête mensuelle de conjoncture auprès des ménages rendue publique vendredi 4 janvier. Après une amélioration spectaculaire dans la foulée des élections présidentielle et législatives, le moral des ménages n'a cessé de se détériorer depuis le mois de juillet.
Parmi les soldes composant l'indicateur résumé, l'opinion des ménages se dégrade dans tous les domaines sauf un : les perspectives d'évolution du niveau de vie en France, qui se sont améliorées de quatre points en décembre. Ce peut être le signe que le train de mesures gouvernementales sur les heures supplémentaires, qu'il s'agisse de la loi TEPA du 21 août 2007 ou des dispositifs prévus dans le projet de loi pour le pouvoir d'achat (rachat des journées de réduction du temps de travail), commence à avoir de l'effet ou à être pris en compte.
En revanche, l'opinion des ménages sur l'évolution passée du niveau de vie en France se dégrade de deux points à - 61 points. Ce chiffre, le plus mauvais enregistré depuis un an, confirme l'écart croissant entre la mesure officielle de l'évolution du pouvoir d'achat (+ 3,3 % en 2007, selon l'Insee) et le ressenti des Français sur le niveau de vie.
CRISE DE CONFIANCE
La consommation des ménages reste l'un des principaux moteurs de la croissance et leurs dépenses de consommation ont sensiblement accéléré au troisième trimestre de 2007 à + 0,8 %, selon les résultats détaillés des comptes nationaux présentés le 28 décembre par l'Insee. Mais le solde sur l'opportunité de faire des achats importants continue de se replier tandis que celui sur l'opportunité d'épargner et sur la capacité future à épargner se redresse. Même s'ils sont plus optimistes sur l'évolution du chômage, les ménages semblent ainsi avoir intégré le fait que la conjoncture internationale s'est durcie, sur fond de turbulences financières persistantes et de hausse des prix de l'énergie, et qu'il peut être nécessaire, dans un environnement très incertain, de se reconstituer, lorsqu'ils en ont les moyens, une épargne de précaution. La dernière fois que le jugement sur l'opportunité d'épargner était aussi durablement élevé remonte à la période 1993-1995, à une époque où l'économie française était très vulnérable et sortait à peine de la récession, analyse Alexandre Law, chef économiste chez Xerfi. La crise de confiance actuelle est loin d'être anodine, ajoute le conjoncturiste qui prévoit pour cette année une croissance de 1,4 %.
Si le jugement sur l'opportunité d'épargner devait se confirmer dans les mois qui viennent, la consommation des ménages devrait, en effet, s'en ressentir. L'économiste Mathieu Kaiser (BNP Paribas) la qualifie d'ailleurs de colosse aux pieds d'argile, estimant que les Français ont peu de marges de manoeuvre pour maintenir le rythme de leurs dépenses. La révision à la baisse, drastique, des intentions d'achat depuis l'été finira par peser sur les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés et sur le climat des affaires dans l'industrie, qui est resté plutôt bien orienté en décembre.
Le retour de l'inflation a été vu d'un mauvais oeil. Le solde relatif à l'évolution passée des prix a bondi pour atteindre 39 points, ce qui, selon M. Law, constitue un record historique. Les ménages, en décembre, anticipaient des hausses moins rapides en 2008. Mais ce relatif optimisme pourrait ne pas résister à la flambée des prix de l'or noir.
Claire Guélaud

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publié le 07/01/2008 à 13:45 par
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