Vous le savez désormais, c'est tout à fait mon genre de m'enflammer sur un sujet qui me tient particulièrement à coeur. Hier, je regardais le 66 minutes de M6 (très bonne emission en passant, moi qui pensait voir un miteux Sept à Huit, j'ai été agréablement surpris !) qui revenait sur les déboires de Tewfiq Khenouche, vigneron. Une histoire tout simplement scandaleuse...

Tewfiq Khenouche, un jeune paysan d’origine kabyle, s’installe en 2005 sur une exploitation agricole de Castelsarrasin.

Le 20 octobre 2005, sa première récolte est entièrement détruite par un incendie ; quatre jours auparavant, des individus avaient taggué sur le bâtiment « pas d’arabe paysan ». Une plainte est déposée au commissariat de police de Castelsarrasin.

Le 20 novembre 2006, sa deuxième récolte de raisins est entièrement détruite par des individus. Une plainte est déposée au commissariat de police de Castelsarrasin. Le 26 décembre 2006, Tewfiq Khenouche trouve dans sa boîte aux lettres deux lettres dactylographiées où l’on peut lire : « pas d’arabe paysan » et « bâtard d’arabe, on va t’achever, pas de paysan arabe ». Une plainte est déposée au commissariat de police de Castelsarrasin.

Le 1er février 2007, Tewfiq Khenouche et M. Bernard Gontrand, son propriétaire, décident de déposer plainte avec constitution de partie civile. Depuis, aucune nouvelle de cette affaire.

Le 10 septembre 2007, Tewfiq Khenouche entame sa troisième récolte de raisin qu’il va tenter de conserver et commercialiser.

Source : site web de l'MRAP

Malheureusement, cela n'a pas suffit car un nouvel incendie d'origine criminelle a de nouveau détruit la moitié de sa récolte... Pourtant, Tewfiq (et non, Toufik...) est juste un exploitant comme un autre mais il a un gros souci de voisinage : visiblement, il n'y a que des cons autour de chez lui ! Castelsarrasin (déjà le nom du village est plutot bien trouvé pour des rascistes) est peuplé d'à peu près 11.000 habitants qui n'ont bien évidemment aucune idée qui ça pourrait bien être. C'est triste de voir l'humanité s'enfoncer toujours plus dans la connerie mais il y a peut-être une explication à tout cela... enfin, je crois !

On va encore dire que je m'acharne sur les médias (nooooooon, jamais, voyons !) mais imaginez un paysan qui rentre chez lui après une journée à la ferme. Il regarde bien évidemment le JT du 20 heures et que voit-il ? Pourtant des ''arabes'' (dans le sens populaire du mot), il y en a pas dans la région mais qu'arrivera-t-il s'ils s'installent dans le coin et saccagent tout comme à Villiers-le-Bel. Il ne faut pas oublier une chose : on a toujours plus peur de quelque chose qu'on ne connait pas... (regardez ce qui ce passe en Suisse en ce moment !) Pourtant, il n'est que l'élément déclencheur.

Vous avez remarqué comme la tendance actuelle est à la ''bouc-emissairisation'' facile. Ne cherchez pas ce mot dans le dico, je viens de l'inventer ! Son principe est simple mais ô combien diabolique. On part du principe qu'on ne peut tous les choper pour leur mettre la fessée qu'ils méritent, alors dès qu'on en chope un, il paye pour les autres, logique. C'est ce qui arrive à M. Kherouche à ses dépends. A noter aussi que la ''bouc-emissairisation'' ne se limite pas à la xénophobie, elle marche partout : pour la délinquance routière, pour les téléchargements illégaux, pour les sans-papiers, etc. et même, vous, collégiens ou lycéens, vous avez déjà vécu ce genre de situation, n'est-ce pas ? Cette tendance est, selon moi, le pire fléau qui gangraine notre société. Il est tellement plus simple et pratique d'en faire casquer un pour, soi-disant, calmer les autres. Il s'avère qu'hélàs, c'est l'inverse qui se produit car il donne un sentiment d'injustice (pourquoi moi et pas les autres ?) qui conduit à la frustration lié à de la méfiance envers l'autorité, puis à la colère bien évidemment, puis à la haine et enfin au coté obscure de la force...

Là où on peut blamer les gouvernements actuels (je ne parle pas QUE de celui de Sarkozy) mais aussi les crétins écervelés qui peuplent certaines régions, c'est de ne pas avoir encore compris ce principle désastreux mais, au contraire, l'entretienne en étant persuadé de ne pas avoir d'autres choix. Erreur ! Avouez plutot que c'est une solution de facilité, rien de plus ! Vous croyez peut-être agir pour le bien des autres mais vous ne faites que foutre d'avantage le bordel... pour rien. Dommage pour M. Kherouche qui va devoir faire une croix sur sa vie de chateau. Espérons juste qu'il ne cédera pas à son tour, aux sirènes de la connerie.

Le mot de la fin revient à Gerard X (qui a voulu garder l'anonymat, on le comprend), agriculteur dans le Tarn-et-Garonne :