La SNCF évoque une mobilisation plus importante qu'au plus fort de 1995. Entre 40% et 80% de grévistes chez EDF-GDF. Trafic très perturbé à la RATP. Le gouvernement répète qu'il ne cédera pas. Syndicats et PS appellent à une véritable négociation.
Arnaud Vaulerin avec Reuters et Source AFP
LIBERATION.FR : jeudi 18 octobre 2007
Un test pour les syndicats et une première épreuve pour le couple exécutif Sarkozy-Fillon. La grève contre la réforme des régimes spéciaux de retraite est largement suivie jeudi, en particulier à la SNCF et à la RATP.
Les transports urbains d’une trentaine de villes de province, où des salariés sont mobilisés sur d’autres revendications, ont été plus légèrement perturbés qu’à Paris.
Dans la capitale, le trafic RATP était «très fortement perturbé» jeudi matin, aucun train ne circulant sur les lignes A et B du RER et aucun tramway. Il y avait peu de bus et de métros, seule la ligne 14, automatique, fonctionne normalement.
Sur toute la France, le trafic ferroviaire était très fortement perturbé dans la matinée. La grève était suivie jeudi à 11heures par 73,5% des cheminots (dont 90% des conducteurs), selon la direction, contre 67% au plus fort du conflit de 1995. «Le mouvement est exceptionnel, recèle de fortes potentialités de mobilisation et porte des exigences très fortes en matière revendicative», a déclaré le secrétaire général de la CGT-cheminots, Didier Le Reste. Moins de 5% des trains circulaient jeudi matin, selon Guillaume Pepy, le directeur général exécutif de la SNCF. Signe de l’ampleur du mouvement, seuls 46 TGV sur 700 quotidiens devaient circuler entre Paris et la province. En revanche, huit Eurostar sur dix circulaient et six Thalys sur dix, avant un retour à la normale vendredi.
En région Provence-Alpes-Côte d’Azur, le trafic SNCF était quasiment à l’arrêt. En revanche, les transports en commun fonctionnaient normalement à Marseille. A Lyon, le trafic du métro et du tramway était relativement peu perturbé.
Dans le secteur de l’énergie, de 80 à 100% des équipes de conduite des centrales nucléaires étaient en grève. 40% de grévistes ont été comptabilisés par les directions d’EDF et GDF, les syndicats avancent, eux, une mobilisation deux fois plus importante. Une baisse de la production d’électricité de 10.000 mégawatts dans la matinée a été constatée selon la CGT des Mines et de l’énergie. L’électricité a même été coupée jeudi matin à La Lanterne, résidence secondaire du président Nicolas Sarkozy à Versailles (Yvelines).
A la Poste, à 10 heures, la grève était suivie par 7% des postiers selon un premier décompte de la direction, tandis que Sud-PTT, qui appelait à la grève avec la CGT, parlait de 15% de grévistes.
En s’efforçant d’écarter le spectre d’une paralysie comme à l’automne 1995, le gouvernement écoute les inquiétudes des grévistes, a répété son porte-parole, Laurent Wauquiez, mais il «ne peut pas céder» sur la question de la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Bernard Thibault ne l’entend pas de cette oreille. Le secrétaire général de la CGT a appelé jeudi le gouvernement à prendre la mesure de la mobilisation et à ouvrir une «vraie négociation». «Le message d’aujourd’hui, c’est que le gouvernement prenne acte que le cadre de la réforme des régimes spéciaux ne sera pas accepté par les personnels concernés», a-t-il dit au micro de France Inter. De son côté, Remi Aufrère, secrétaire général de FO cheminots, a déclaré que «le gouvernement doit bouger, sinon on va vers une crispation».
Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU parle lui de «cristallisation des mécontentements». Le premier syndicat de la fonction publique d’Etat affirme que cette journée de mobilisation nationale est «un passage obligé» susceptible de déboucher sur un «bras de fer» avec le gouvernement Fillon.
«Rouvrez des négociations», a lancé François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, pour qui les bénéficiaires des régimes spéciaux de retraite ont lancé une grève nationale «parce qu’il n’y a pas eu de véritable négociation.»
Dans un communiqué, le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet estime qu’il «faut repenser les régimes spéciaux et non les supprimer». Il reproche notamment au Premier ministre d’avoir commis «une erreur de méthode en négligeant le dialogue social et tentant de passer en force».
Comme en 1995 et pour la première fois depuis cette date, quand le gouvernement était dirigé par Alain Juppé, les huit syndicats de cheminots sont à nouveau unis. Trois d’entre eux ont d’ailleurs opté pour une grève reconductible, au moins vendredi.
Les organisations syndicales, qui doivent se réunir lundi prochain, laissent en outre planer la menace de nouveaux arrêts de travail. D'ici là, le couple Sarkozy-Fillon aura peut-être fait un pas.

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posted the 10/18/2007 at 05:43 PM by
hekt0r
Cependant une question me turlupine:
Est-il normal que ce soient seulement les fonctionnaires et salariés du secteur public qui fassent grève, et qui se mobilisent pour défendre l'ensemble des acquis sociaux chers à tous les salariés de France ?
Il ne faut pas tomber dans le piège des grands financiers et des médias dans lequel on nous dit que la retraite à 37,5 anuités n'est pas possible alors même que la France n'a jamais été aussi riche qu'aujourd'hui. Au fait qui cotisent pour les retraites ? Ce sont en majorité les salariés et l'employeur?. Par contre ce n'est ni les traders ni l'Etat car le mensonge aussi est de dire que les retraites sont un trop gros cooût pour l'Etat. Par contre c'est avec l'argent du contribuable qu'on finance les dizaine de millions d'euros de cadeaux aux entreprises!
67% de 60 000 000 contre 25 000 manifestants faites le calcul.