L´agression avait été très médiatisée, de même que l´enquête. Le 19 septembre 2006 à la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, la voiture du capitaine Ludovic Aubriot et du sous-brigadier Marc Audiffren avait été la cible de jets de pierres. Le capitaine, descendu pour constater les dégâts, et son collègue venu pour lui porter secours avaient été roués de coups. L´un des deux CRS avait témoigné devant les caméras, depuis sa chambre d´hôpital, et son visage tuméfié était apparu sur les écrans de télévision. Quelques jours plus tard, une opération de police mobilisant 200 fonctionnaires de police et menée devant les journalistes aboutissait à 11 arrestations. La mise en examen de certains des suspects s´appuyait sur deux témoignages anonymes, par crainte des représailles.
Près d´un an plus tard, l´affaire se retrouve devant le tribunal correctionnel d´Evry - et le contexte a quelque peu changé. Me Eric Plouvier, conseil de l´un des principaux prévenus, a ainsi demandé dès l´ouverture de l´audience l´audition d´un de ces témoins mettant en cause nommément son client, témoignage dont il remet la fiabilité en cause. Le tribunal correctionnel d´Evry annoncera jeudi sa décision à ce sujet.
Un témoin situé à 240 m du lieu de l´agression
De tentative de meurtre au début de l´enquête, les faits ont été requalifiés au cours de l´instruction en violences aggravées. Deux des suspects arrêtés en 2006, identifiés grâce à de l´ADN retrouvé sur une canette et des restes de pizza, ont été mis hors de cause. Finalement, ils sont cinq jeunes à comparaître pour l´agression (deux autres étant jugés pour des dégradations sur la voiture des deux CRS et pour menaces) et les débats se concentrent sur la fiabilité des témoignages recueillis sous X.
Selon Me Eric Plouvier, le témoin dont il réclame l´audition se trouvait à 240 mètres du lieu où les deux CRS ont été agressés, et a mis en cause des personnes dont l´alibi a été démontré lors de l´instruction et qui n´ont pas été poursuivies. Techniquement, il pourrait être possible de l´interroger sans trahir son anonymat - par exemple par une liaison téléphonique avec le tribunal et un dispositif brouillant sa voix. Si la réponse du tribunal était positive, il s´agirait alors d´une audition, et non d´une confrontation, a tenu à préciser le président Eric Gillet, une telle confrontation ayant déjà eu lieu au mois de décembre, lors de l´instruction. Mais en tout état de cause, a-t-il indiqué, le tribunal réserve sa décision en fonction de la disponibilité du matériel nécessaire pour entendre le témoin en protégeant son identité, de la disponibilité d´un technicien pour le faire fonctionner, ainsi que de la disponibilité du témoin. La décision tiendra compte également de l´évolution des débats sur le fond.
Mercredi, l´un des deux CRS agressés a en tout cas estimé lors de son audition mercredi avoir eu la chance de s´en sortir par miracle. Ludovic Aubriot, alors capitaine de la CRS 3 de Quincy-sous-Sénart, a expliqué que le véhicule banalisé à bord duquel il circulait avec le sous-brigadier Marc Audiffren pour superviser les effectifs sur le terrain avait été caillassé. Il avait alors demandé à ce dernier de faire demi-tour. Les quatre ou cinq premiers agresseurs ont été rejoints par une quinzaine de personnes, qui apparaissaient depuis la direction du terrain de foot. Je sentais les coups pleuvoir de partout, a-t-il poursuivi. La violence est tellement inouïe qu´on n´a pas le temps, dans ce moment-là, de penser au pire, répond le CRS.
D´après agence
