Les propos de Xavier Darcos sur le bac ES irritent les enseignants de la filière
En multipliant les déclarations mettant en doute l´existence de débouchés pour la filière ES (économique et sociale) du lycée, le ministre de l´éducation nationale, Xavier Darcos, irrite les professeurs de sciences économiques et sociales (SES) comme les bacheliers issus de cette filière. La part de son effectif progresse constamment dans les séries générales du baccalauréat : elle a rassemblé 31,83 % des candidats en 2007, contre 49,57 % au bac S (scientifique) et 18,6 % au bac L (littéraire).
Dans un entretien publié le 23 août dans Paris Match, le ministre de l´éducation nationale déclarait que la filière ES, sans débouché évident, attirait eaucoup d´élèves qui occupent ensuite de grands amphis mais se retrouvent avec des diplômes de droit, psychologie, sociologie... sans toujours un emploi à la clé. L´Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) s´était alors demandé s´il était mal informé ou mal intentionné. M. Darcos ayant réitéré ces déclarations, l´association a protesté à nouveau, le 10 septembre, contre des propos erronés qui donnent une piètre image de la filière ES. Pour sa part, le ministre a déclaré le même jour au Monde : Je n´ai dit que des évidences et je ne suis aucunement l´ennemi de la filière ES. M. Darcos a expliqué que son souci était de parvenir à
ééquilibrer les filières générales du lycée : la filière S est de plus en plus sélective, et la filière L continue de décliner. Il a précisé qu´il souhaitait à ce sujet ouvrir des pistes dès le début 2008, y compris avec l´APSES, pour laquelle j´ai le plus grand respect.
UNE HISTOIRE MOUVEMENTÉE
De son côté, l´association des professeurs insiste sur les poursuites d´études extrêmement diversifiées des bacheliers ES. Les statistiques du ministère de l´éducation nationale montrent que 62,5 % d´entre eux se sont dirigés en 2005-2006 vers l´enseignement supérieur long (bac + 3 et plus), 12,4 % vers les classes préparatoires aux grandes écoles et 25,1 % vers l´enseignement supérieur court (IUT, BTS, écoles spécialisées). Les 62,5 % entrés dans l´enseignement supérieur long se répartissent à raison de 17,5 % en sciences humaines et sociales, 15 % en droit, 8,5 % en sciences économiques, 8 % en administration économique et sociale, 7,5 % en langues, 3,5 % en lettres et 2 % dans d´autres domaines.
L´association note qu´à l´université, 74,9 % des bacheliers ES réussissent leur licence sans redoubler, contre 70,4 % des bacheliers S et 69,8 % des bacheliers L. Enfin, elle souligne que si les bacheliers de la filière économique représentent une faible proportion des élèves des classes préparatoires (13,6 %), c´est parce que les deux tiers des effectifs de celles-ci sont dans des formations destinées par nature aux bacheliers S. En revanche, les bacheliers ES représentent 44 % des effectifs des prépas économiques et commerciales.
La filière ES - créée en 1967 et longtemps appelée B - a une histoire mouvementée. Plusieurs ministres lui ont cherché des noises, le dernier en date étant Claude Allègre. Elle est souvent mise en cause en raison de son caractère composite, sans équivalent universitaire. Les professeurs de SES soulignent qu´ils ont oujours fait le choix du questionnement sur la société. Cet aspect, ainsi que leurs affinités avec le mensuel Alternatives économiques indisposent les milieux patronaux, qui accusent régulièrement cette filière de donner une image négative de l´entreprise. L´association des professeurs de SES doit être reçue le 1er octobre par M. Darcos.

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posted the 09/11/2007 at 04:07 PM by
hekt0r