Bonjour à tous ! Voilà entre deux projets informatiques, on vous retrouve sur ce blog, assez peu mis à jour, nous l’avouons, mais ce n’est pas pour le nombre ridicule de visiteurs que nous charrions *charrier dans tous les sens du terme*…
Bon, comme on n’a pas des lustres devant nous, nous irons droit au but, pour une fois *c’est pas pour ça que l’article sera plus court, entendons-nous…*.
En réalité, on se pose la question suivante : faut-il vraiment la boucler ou doit-on provoquer au risque de passer pour un raciste, homophobe, etc ? Doit-on se laisse étouffer par le politiquement correct ? Parce que c’est bien de cela dont il est question, la neutralité se fait maîtresse du parler courant et des médias ! Mais nous y reviendrons.
Si on s’est posés ces questions, c’est pour plusieurs raisons : un article dans un journal [le Télémoustique pour être plus précis], les réactions de certaines personnes lorsqu’on lance une pique et bien d’autres encore. Pourquoi restent-ils des sujets considérés comme « délicats » auxquels il ne faut pas toucher avec dérision au risque de se faire lapider dans la seconde ?
Ainsi, et ce, selon l’article de l’hebdomadaire consulté, les exemples de censure « bien pensante » sont foison.
Parcourons donc l’article. Vous connaissez Tintin ? En avez-vous déjà lus ? Je l’espère pour vous, il s’agit d’une expérience à faire en matière de BD. Dans cet article, tout commence par la demande d’interdiction à la vente de Tintin au Congo. Il s’agit d’un ouvrage caricatural [oui, on a bien dit : caricatural] qui est le reflet burlesque de l’image du Congo [note : le Congo était, avant 1960 une colonie belge, comme la France en a eue] tel qu’Hergé [note : dessinateur] le voyait à travers l’ornière du milieu bourgeois et conservateur duquel il était issu. Motif invoqué de cette demande de retrait à la vente : son contenu est peuplé d’images et de dialogues porteurs de préjugés racistes abominables. […] Les propos et comportements sont coloniaux et racistes. […] Je trouve inacceptable de minimiser ce qu’était la colonisation. Ce n’est pas pédagogique. Elle [la BD] crée un préjudice en installant un complexe d’infériorité dans un camp et de supériorité dans l’autre. Vous trouvez ça sérieux, honnêtement ? Que répond-on en face ? Il faut pouvoir démystifier et repartir sur de bonnes bases en tenant un débat public sur la colonisation. […] Il n’y a pas d’incitation à la haine raciale dans cet album de Tintin, en raison du contexte historique qui entoure cette œuvre. Cette plainte démontre qu’on n’en a pas encore fait assez pour le devoir de mémoire et le retour de flamme de notre histoire. Mais il ne faut pas censurer une œuvre pédagogiquement importante qui rappelle le passé colonialiste et raciste.
Autre exemple pointé : la cigarette. Interdite sur les affiches publicitaires, dans certains films et on en passe. Essaierait-on de se donner bonne conscience en rendant ces sujets subversifs ? Oui, le tabac fait rentrer de l’argent dans les caisse de l’état, au même titre que l’alcool, les médicaments… mais aussi les pâtes, les pommes, l’eau et les tomates, il est vrai… Est-ce que le législateur se mord les doigts d’empoisonner les gens ? Toujours est-il que l’Association du cinéma américain vient d’annoncer que la présence de tabac ferait partie des critères pris en compte pour classer un film « interdit au moins de 17 ans ». Vous rendez-vous compte que certains d’entre nous ne pourraient dès lors pas aller voir ces films légalement !? A côté de ça, les armes à feu ne font pas partie des images à proscrire, en raison d’un lobby [NRA et compagnie] trop puissant ? Non, décidément non, on y croit même pas et toc !
Et la musique alors ? Victime, elle aussi ? En réalité, ici, la société nous offre un très beau paradoxe, puisque l’incorrection est une machine à vendre. Et pourtant, tout n’est pas à la libre expression à tout va ! L’évolution des mœurs, la marchandisation de la musique et l’étrange relation qu’entretient l’industrie avec les médias et les distributeurs jouent ici un rôle prépondérant. Des médias qui masquent les mots déplaisants ; qui cherchent à rassurer l’auditeur. Des distributeurs qui placent les disques dans les supermarchés à certaines conditions (pas de cigarette, de nudité sur la pochette, par exemple). Où est le paradoxe alors ? Le paradoxe, c’est que le comportement de certains artistes reste subversif et ce, pour le plus grand plaisir des ingénieurs marketing. Parce que ça fait vendre tout simplement ! Les artistes, parfois malgré eux, donnent à l’industrie l’argument de la vente, la pose dont elle rêve. Elle glace l’image, elle rend glamour ce qui hier aurait choqué et suscité le débat. Elle suce le fond, recrache la forme. L’incorrection n’est plus une philosophie mais une manière de vendre et c’est pour cela qu’elle est tolérée ! Mercantilisme quand tu nous tiens.
Ne croyez pas le jeu vidéo à l’abri ! Pour preuve, la récente affaire Resident Evil… La fameuse vidéo
aciste… Mais bien sûr, le fait est que la peste des procès intempestifs à l’américaine a gagné nos campagnes. Ceux qui sont encore étudiants parmi vous, combien êtes-vous à vouloir faire le droit ? Comptez-les autour de vous ceux qui font le droit et ceux qui se retrouveront assis dans un cabinet d’avocats pour régler ce genre de litige. Plus personne ne peut poser un geste ou prononcer un mot sans crainte de se faire poursuivre. […] La responsabilité en revient au législateur qui a donné la possibilité au justiciable de se plaindre d’une série d’expressions auparavant non poursuivies. L’initiative est louable, mais l’enfer est pavé de bonnes intentions. […] Autant il était choquant de na pas poursuivre les délits racistes, autant certains justiciable ont aujourd’hui la plainte facile dès qu’est exprimée une opinion ne plaisant pas à un groupe minoritaire. On donne l’occasion à des groupes de s’affirmer politiquement et de faire taire leurs opposants en brandissant l’arme législative.
Mais cette manie de gommer toute aspérité empêche aussi certaines œuvres de voir le jour. Soit parce que personne ne prendra le risque de les diffuser, soit parce que l’auteur, quel que soit le média utilisé, s’efforcera de ne pas s’attaquer à des sujets considérés comme trop sensibles.
Où sont donc passés ces provocateurs qu’étaient Rimbaud, Renaud, Morrison, Desproges, Gainsbourg, Baudelaire, Coluche, les Beattles [se prétendant plus populaires que Jésus], Doherty et autres Sardou ? N’ont-ils pas, eux aussi, subi des pressions de censure inhérentes à l’époque dans laquelle ils officiaient ? Implicitement, le politiquement correct n’a-til pas toujours existé ? Cette censure ne les aurait-elle pas tués [au figuré et pour la plupart des exemples précités, au propre] ? Et pourtant, il y a des améliorations : certain/e/s politicien/ne/s ont compris tout le profit qu’ils pouvaient tirer d’une attitude à l’opposé des images lisses actuellement de rigueur. […] Ils parviennent dès lors à mobiliser un électorat lassé du consensualisme ambiant.
Affaire à suivre...
Quelques citations intéressantes pour approfondir la réflexion :
Il faut que la liberté d’expression, qui a certes ses limites, reste la règle.
On n’en a pas encore fait assez pour le devoir de mémoire et le retour de flamme de notre histoire.
Nègres, nègres, je continuerai à utiliser ce mot jusqu’à ce qu’il ne blesse plus personne. Timothy Leary rappelait ainsi qu’appeler les gens noirs « gens de couleurs » ne suffit pas à changer leurs conditions de vie. Dans la mentalité de la majorité blanche [de l’époque, en tous cas], ils restaient des nègres. L’insupportable, c’était ça, pas le langage usuel.
On a imposé la dictature des mots doux. Mais les « moins valides » souffrent toujours de leurs handicaps sous le regard des autres.
On ne reviendra pas sur notre histoire pour la réécrire avec plus de justesse parce qu’on impose un contrôle commercial…
Le politiquement correct est né d’un souci louable. Imposons déjà le respect dans les rapports sociaux, le reste suivra !
La culpabilité ne doit pas pousser à corriger [ou à modifier] les témoignages du passé et l’impatience ne doit pas mener à bâillonner l’expression d’aujourd’hui.
Quand un humoriste ose une plaisanterie scabreuse, il rend public et intolérable un vice généralement caché dans l’impunité. Son boulot est bien plus efficace que celui des censeurs qui veulent d’un rire politiquement correct.
Le politiquement correct règne au point que, si on n’y prend pas garde, toute expression culturelle produite en dehors de notre époque est susceptible d’être interdite ou revisitée.
Censeurs et bien-pensants min dans la main ?
L’industrie suce le fond, recrache la forme.
On laisse sur un tas de sujets le monopole de l’insolence à la vraie extrême droite. Tout le monde a le droit d’émettre une opinion, même si elle est gênante.
La liberté d’expression n’est vivante que si on la bouscule.
Personnellement, je suis tout à fait favorable aux mariages homosexuels, mais je ne supporte pas que quelqu’un qui exprime des objections soit immédiatement fiché comme ultraconservateur homophobe. C’est intellectuellement malhonnête !
Quand le politiquement correct est roi, l’autocensure est reine.
Il est essentiel que, dans notre société, puissent s’exprimer les opinions divergentes ultraminoritaires, quitte à ce que ce soit de façon choquante. L’attitude contraire engendre un climat de terrorisme intellectuel qui peut conduire à une pensée unique.
Forcer l’extrême droite à se limer les ongles en cessant de la marginaliser est la meilleure façon de la combattre.
A une époque où tout le monde critique le politiquement correct, j’affirme qu’il en faut un peu. C’est une question de respect pour les minorités qui va au-delà de ce que le droit exige !
Et pour finir cet article terminons par une simple question : est-il politiquement incorrect que de demander du politiquement correct ? Si cette question vous donne mal à la tête vous pouvez la tourner dans l’autre sens, vous verrez qu’elle fait toujours un drôle d’effet, mais un peu différent.
Tiens dans un propos complètement différent, nous remercions TéléMousitique de nous avoir fourni le fond de cet article !
Bonne fin d’après-midi à tous, on va se retrouver autour d’un verre d’aspirine maintenant…
[EDIT] : article ajouté au sommaire à la rubrique divers, sous-classement réflexion.

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posted the 08/28/2007 at 04:02 PM by
dardevil