Les radios musicales traversent une mauvaise passe
EMMANUEL TORREGANO.
Publié le 17 août 2007
Actualisé le 17 août 2007 : 07h31
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Elles subissent la concurrence d'Internet et des stations généralistes.

LES temps sont durs pour les radios musicales. Les adolescents sont plus que jamais friands de musique, mais ils l'écoutent davantage sur Internet ou sur leur baladeur numérique que sur leur poste de radio. D'ailleurs, ce dernier est le seul appareil à être encore analogique dans un univers numérique. Pire, dans le secteur de la radio, les musicales sont également concurrencées par le regain de forme des programmes de « talk » ou débat, sur les radios généralistes. Un constat. L'audience de la première des radios musicales, NRJ, a baissé de 12,1 % d'audience cumulée en avril-juin 2006 à 11,6 % en avril-juin 2007, selon les chiffres de Médiamétrie. Celles de RFM, Chérie FM ont également baissé. Toutefois, Skyrock ou Europe 2 montrent leur capacité de résistance en progressant légèrement.

Sur le plan publicitaire, le recul est également là. Alors que les investissements publicitaires en radio ont reculé de 2,9 % sur le premier semestre 2007, le chiffre d'affaires radio du groupe NRJ a chuté de 8,9 %. Dans le même temps, celui du groupe NextradioTV propriétaire de RMC et BFM, a augmenté de 12,3 %. RMC est la radio dont l'audience a le plus vite progressé en un an, passant de 4,9 % à 6,1 % d'audience cumulée.

Si l'on détaille l'évolution des courbes d'audience des grands réseaux musicaux comme NRJ, Europe 2 ou Fun Radio, un diagnostic s'impose : l'ordinateur personnel a supplanté la radio.

Contre-performance

Pour s'en convaincre, il suffit de regarder l'évolution comparée de la part des moins de 25 ans au sein de la population des internautes et des audiences des stations musicales. En 2006, un internaute sur trois a moins de 25 ans. Dans le même temps, l'évolution des audiences des grands réseaux musicaux montre une fuite des auditeurs.

Quelques exemples illustrent la contre-performance des stations musicales dans un environnement concurrentiel dominé par le Net. Europe 2, la station du groupe Lagardère affichait au meilleur de sa forme 6,7 % d'audience cumulée (3 304 574 millions d'auditeurs quotidiens) lors de l'enquête menée sur la période septembre-octobre 2002. Cinq ans après, entre janvier et mars 2007, l'audience accuse une perte de plus de 300 000 auditeurs.

Même symptôme pour NRJ. La station reine de la bande FM semble ne plus captiver aussi bien l'attention des jeunes adultes. Entre 2002 et 2007, la radio a vu son auditoire se vider d'un peu plus de 500 000 personnes. Du coup, NRJ a cédé sa couronne de champion de la radio hexagonale à la généraliste RTL. Fun Radio, qui opère depuis quelques saisons un redressement de son audience, a pourtant perdu 320 000 auditeurs en cinq ans.

Seule Skyrock, la radio de la nouvelle génération, fait mieux que ses concurrents avec un gain de 300 000 auditeurs, mais cette croissance est à relativiser puisque la station rachetée par Axa Private Equity l'an dernier peine à retrouver son plus haut score enregistré entre avril et juin 2004 avec 8,6 % d'audience cumulée. L'effritement d'audience touche bien tous les réseaux. Et chacun voit son auditoire consacrer plus de temps à une discussion sur MSN ou bien à un jeu vidéo. Conséquence, la durée d'écoute des radios est aussi à la baisse. Signe que la qualité d'écoute n'est plus ce qu'elle était.