LCI.fr : Après l'accident de bus mardi à Paris (Lire notre article), le syndicat Sud dénonce la course à la productivité comme facteur accidentogène. C'est aussi votre opinion ?
Daniel Gaudot, délégué syndical à la CGT RATP-Bus : Oui, la direction met effectivement la pression sur les machinistes concernant les temps de parcours. On l'a encore récemment dénoncé quand ils ont augmenté la vitesse du tram, c'est une politique accidentogène. Cela permet à l'entreprise de réaliser des gains de productivité et donc de diminuer à terme le personnel, le nombre de bus, etc. Sur cet accident proprement dit, il faut attendre les résultats des différentes enquêtes pour se prononcer. Le bus a effectivement pu rencontrer un problème technique.
LCI.fr : Ces pressions sont-elles explicites ?
D.G. : Non, il n'y a rien d'écrit, c'est plus pernicieux. On nous dit par exemple Il faut que tu ailles un peu plus vite ou encore on respecte la clientèle donc il faut que tu passes à l'heure... Ensuite, il y a d'autres éléments de pressions pour le conducteur. Par exemple, la RATP, dans ses temps de parcours pour un circuit donné, ne tient pas compte, des zones limitées à 30 km/h. Dans les centres-villes, elles sont nombreuses. Les prendre en compte revient forcément à augmenter le temps de parcours... Et puis, depuis Vélib, il y a beaucoup plus de vélos en circulation dans les couloirs de bus parisiens. Là non plus, le temps passé à les doubler n'est pas pris en compte au final.
Au-delà des pressions exercées par l'encadrement, il y a aussi celles que se mettent les chauffeurs pour qui le temps de battement entre deux services correspond à un temps de pause. Plus on arrive tard au terminus, plus la pause sera courte parce qu'il faudra reprendre la route... Alors ça peut effectivement pousser certains à aller plus vite pour éviter que leur temps de battement, et donc leur pause, ne sautent...
LCI.fr : Quelles sont les sanctions pour le conducteur en retard ? Selon Le Parisien, un chauffeur aurait été sanctionné par un jour de mise en disponibilité, suite à des retards injustifiés à chaque course, malgré des conditions de circulation et d'exploitation favorables.
D.G. Je ne suis pas au courant de sanctions de ce type.
LCI.fr : Vous remettez en cause également la formation des jeunes machinistes. Le conducteur du bus accidenté avait 12 mois d'ancienneté.
D.G. : Effectivement. Avant, les chauffeurs étaient formés dans un centre de formation interne à la RATP. Cet apprentissage durait deux mois, c'était de l'intensif. A trois dans un bus deux mois durant, on apprenait vraiment le métier. Ce n'est plus comme cela aujourd'hui. Depuis environ cinq ans, la RATP sous-traite de plus en plus, ça leur revient moins cher. 90% des entrants sont formés dans des auto-écoles. Ils y passent environ un mois le temps de décrocher leur permis D. Les conditions d'apprentissage n'y sont évidemment pas les mêmes ; ils tournent à 10 ou 15 dans le bus.
La RATP prône la transparence
La RATP refuse toute polémique après l'accident d'autobus et affirme qu'elle tirera outes les conclusions des enquêtes en cours, dans la transparence lorsqu'elles seront connues. Au sujet des critiques syndicales, l'entreprise de transports a démenti oute consigne visant à ce que les conducteurs 'écrasent' l'accélérateur pour gagner du temps. Il existe bien un temps de parcours à respecter, dans le cadre du respect de la qualité du service dû à la clientèle, mais le machiniste est seul maître à bord de son véhicule et il est tenu comme tout un chacun de respecter le code de la route, observe-t-on. (D'après agence)

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posted the 08/16/2007 at 11:07 PM by
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