Bonsoir, bonsoir...
Chose promise, chose, due, la critique de Heat, film de Michael Mann, sorti à l'hiver 1995 [ceux qui avaient plus que mon âge à l'époque ont peut-être été le voir au ciné...]. Il s'agit d'un film tout simplement mythique à nos yeux et c'est pourquoi on ne pouvait passer à côté.
Edmond Rostand aurait d'ailleurs écrit en parlant du nez de Robert de Niro dans ce film : C'est un roc !… C'est un pic !… C'est un cap !… Que dis-je, c'est un cap ?… C'est une péninsule !. Si, si...
Bon, avec un peu plus de sérieux, on va essayer d'analyser les éléments qui ont fait que la sauce [non pas cette sauce-là, bande de...] a prise.
*Clap* première !
Synopsis
Approchez deux minutes. Les gars, à-bas, vous voyez ? Des truands, des vrais... C'est la bande de Neil McCauley. Et le type là, c'est Waingro, un marriole qui a la gâchette trop facile pour être un vrai professionnel. La preuve ? Lors de l'attaque de ce fourgon blindé, la petite équipe s'empart d'une somme considérable en obligations. Mais Waingro, le petit nouveau se fait remarquer et il tue un convoyeur de sang froid. Evidemment, ses collègues ne peuvent rester en vie... Il ne faut jamais laisser de témoins... Chris Shiherlis tue donc les deux autres...
C'est alors que Vincent Hanna, flic de LAPD entre en scène. On lui confie la charge de l'enquête sur le meurtre des convoyeurs. Complètement obsédé par son job, méticuleux, presque jusque l'obsession, il va essayer de mettre fin aux agissements de la bande criminelle.
Pendant ce temps, Neil, dans un accès de colère lors du debriefing de l'opération, essaie de tuer Waingro. Mais, distrait par une voiture de police en patrouille, il laisse Waingro prendre la poudre des scampettes.
Ne dit-on pas
evenge is a dish best served cold ?
Pourquoi on a aimé ?
Ce film mérite amplement son titre de duel au sommet entre De Niro et Al Pacino, l'un comme l'autre maîtrise parfaitement leur sujet et on sent qu'aucun aspects tant du criminel qu'incarne De Niro que du flic compulsif et tempétueux que joue Al Pacino n'a échappé à ces deux acteurs décidément exceptionnels. Le premier campe admirablement un criminel au fort pouvoir charismatique. Le second joue, avec toute la classe qui le caractérise, un flic presque en brouille avec sa femme qui, on le devine a du mal à se regarder dans une glace et qui perd peu à peu pied dans ce nid de vipère. La rencontre des deux fera exploser un mélange détonnant auquel il ne faut pas amputer un Val Kilmer, malheureusement pas aussi convaincant que dans The Doors. Citons aussi la splendide Nathalie Portman qui brille par son interprétation. Ce casting d'exception qui ferait rêvé n'importe quel cinéaste est orchestré par le non-moins talentueux Michael Mann [Sixième sens, Ali, Miami Vice - Deux flics à Miami... Bon on vous l'accorde, le reste de la filmographie n'est peut-être pas à la hauteur du tour de force réalisé avec Heat] et mis en valeur par un scénario certes peu original et convenu, mais efficace à défaut d'être inventif. C'est déjà ça, non ?
Finissons ce portrait par une ambiance parfaite [servie par des dialogues aussi crus que croustillants -mais rien n'empêche d'être les deux à la fois-], glauque et sentant le malaise à plein nez, elle a le mérite de faire faire au spectateur un travail imaginatif primordial dans une intrigue policière [on serait tenté de dire qu'on atteint le point ultime de compréhension empathique des personnages]. Le tout soutenu par une mise en scène béton et, à souligner, une fusillade anthologique.
Au rayon des points noirs, citons tout de même que ce film est tourné sans aucun génie, ce qui est bien dommage, mais ça ne veut pas pour autant dire qu'il est mal tourné... Nuance...
Un must en tous cas, aujourd'hui trouvable à moins de 5€ dans certaines enseignes.
Les dialogues, justement
Nous conseillons plus que jamais [mais c'est globalement toujours vrai] de regarder ce film en VO. Non pas qu'il souffre d'un mauvais doublage, mais on n'obtient jamais les mêmes émotions d'une VF que d'une VO... Quitte à retenter l'expérience en français.
Bref, si vous vous essayez à la VO, vous trouverez dans le script certaines de ces réflexions... Pas de traduction nécessaire... Morceaux choisis :
- Vincent Hanna : Don't waste my motherfucking time. [OK, la réplique est pas géniale, mais quand c'est Al qui dit, ça prend une autre dimension]
- Eady : You travel a lot?
Answer by Neil McCauley : Yeah.
Eady : Traveling makes you lonely?
Neil McCauley :
I'm alone, I am not lonely. [on adore cette phrase, rien que pour la vérité qu'elle représente pour des milliers de gens]
- Michael Cheritto : Well ya know, for me, the action is the juice.
- Vincent Hanna : I say what I mean, and I do what I say.
- Vincent Hanna : My life's a disaster zone. I got a stepdaughter so fucked up because her real father's this large-type asshole. I got a wife, we're passing each other on the down-slope of a marriage - my third - because I spend all my time chasing guys like you around the block. That's my life.
Answer by Neil McCauley : A guy told me one time, Don't let yourself get attached to anything you are not willing to walk out on in 30 seconds flat if you feel the heat around the corner. Now, if you're on me and you gotta move when I move, how do you expect to keep a... a marriage?
- Vincent Hanna : So you never wanted a regular type life?
Answer by Neil McCauley : What the fuck is that? Barbeques and ballgames?
- Justine Hanna : But you have to be present like a normal guy some of the time. That's sharing. This is not sharing, this is leftovers.
Answer by Vincent Hanna : All right, so what I should do is, uhm, come home and say Hi Honey, guess what? I walked into this house today where this junkie asshole just fried his baby in a microwave because it was crying too loud, so let me share that with you.
Bonne soirée à tous !
[EDIT] : article ajouté au sommaire à la rubrique
cinéma.