L’homme se mit en position d’attaque et entra dans la pièce ravagée. Un brouillard de débris flottants rendait la vision difficile et les déplacements incertains. La jeune femme attendait sur le seuil de la chambre, incapable de faire le moindre pas en avant, sa respiration s’accélérait, la panique l’envahissait. Si l’étranger avait retrouvé ses moyens il pouvait surgir de l’ombre et s’en prendre à eux.
Darlik revint à la lumière du jour, le visage de marbre, recouvert de copeaux de bois.
« Nous avons un très gros problème »

Nadiel tentait de se frayer un chemin à travers l’auditoire, son ventre légèrement proéminent ralentissait son avancée. L’homme voulait absolument être aux premières loges, non pas par la curiosité qui animait la majorité des personnes présentes mais il le devait, pour Vnaasyh.
Une heure auparavant il se trouvait encore dans sa petite ferme familiale, occupé à soigner une bête malade. Un jeune garçon avait accouru et frappé à sa porte tel un forcené, bien sûr l’activité de Valnah se trouvait dérangée depuis la nuit précédente, des rumeurs circulaient, plus ou moins inexactes. Nadiel se moquait bien des ragots colportés, son amie allait bien, c’était l’essentiel, l’incident cesserait bientôt d’exciter la curiosité des habitants en manque de bavardages inutiles et la vie reprendrait son cours.
Malheureusement la situation semblait s’être terriblement envenimée, sinon pourquoi Darlik s’apprêterait t’il à faire un discours auprès de la population entière de Valnah ?
L’homme d’arme se tenait solennellement sur un tonneau, son regard scrutait la foule entière dans un but inconnu, une main tenant fermement la lame d’acier. Vnaasyh attendait, debout à ses côtés, le visage usé par la fatigue. Le garde leva une main de cuir et le vacarme des discutions s’estompa en une vague silencieuse. Darlik était le centre de tous les regards mais la situation lui était insupportable. Il n’avait pas échangé le moindre mot avec la jeune femme après la terrible découverte, son devoir était de protéger la population, contre tout danger.
« Comme vous le savez certainement, la réception organisée hier par notre bon maire ne s’est pas déroulée comme il l’aurait souhaité. Balanion a disparu. » Seuls quelques cris surpris retentirent mais le silence revint aussitôt. Vnaasyh serra les dents dans l’espoir de refluer un hurlement de dépit. Nadiel ne la quittait plus des yeux, il aurait voulu la rejoindre, la serrer dans ses bras, la réconforter, hélas Darlik n’avait pas finit. L’homme attendit quelques secondes, les yeux fermés.