La maisonnette ressemblait d’avantage à l’antre d’une créature féroce qu’à celle d’un humain civilisé, des armes en tout genre ornaient le mur, souvenirs d’une vie de combat et de violence, une petite bibliothèque tentait timidement de lutter contre la sauvagerie de la demeure. Les livres trônaient fièrement sur leurs étagères joliment sculptées, prêts à repousser la barbarie au-delà des murs de l’habitation. La bataille s’annonçait rude mais l’issue de ce conflit ne laissait pas de place au doute.
L’homme d’arme lisait un vieux livre, assit dans une grande chaise d’aspect rude. A la vue de la jeune femme il abandonna sa lecture et se leva brusquement, une lueur d’inquiétude traversa son visage buriné.
« Vnaasyh ? Quelque chose ne va pas ? » L’orpheline voulut conter sa mésaventure mais une boule de chagrin monta le long de sa gorge douloureuse. Elle ouvrit la bouche, une larme tenta de s’échapper.
« Suis moi, je t’en supplie. » Darlik fronça les sourcils mais ne répliqua pas et attacha un imposant fourreau à sa ceinture d’un geste brusque en signe d’assentiment. Le garde quitta sa demeure d’un pas déterminé, la jeune femme sur ses talons.
L’homme d’arme poussa un odieux juron, une foule compacte de curieux attendait devant la maisonnette. Quand les badauds aperçurent Vnaasyh les conversations cessèrent et une armée de regards impitoyables se braqua sur le visage effrayé de la jeune femme. Darlik se figea, le visage animé par une haine mêlée de dégoût.
« Ne traînons pas » marmonna t’il entre ses dents. Le militaire cracha aux pieds de la foule et prit la main de l’orpheline. Les deux amis grimpèrent la petite colline d’un pas vif, suivis de loin par les villageois.
La porte du manoir claqua violemment derrière Darlik, fulminant de rage. Vnaasyh fit quelques pas en arrière, inquiète.
« Ces foutus péquenots, traire des vaches et répandre de la merde sur les terres ne les occupe donc pas assez qu’ils ont besoin d’harceler une pauvre orpheline. » L’homme marmonna une série de menaces plus ou moins vulgaire et parvint à retrouver son calme. Il se retourna vers la fille de Balanion et sourit devant son regard dubitatif. « Ne laissons pas ces crétins nous déranger, je t’en prie expose moi ton problème. »
Vnaasyh ne répondit pas et monta lentement les escaliers de sa demeure. Darlik brandit une longue lame argentée et devança la jeune femme. Il se dirigea instinctivement vers la chambre de l’étranger. L’humain se mouvait tel un prédateur, les sens aux aguets, les membres prêts à tuer. L’orpheline se tenait à quelques mètres en retrait, son cœur battant au rythme des pas de son protecteur.
« Par le sang des Madjeydyh… »

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posted the 06/10/2007 at 08:29 PM by
yssan