Sur la lancée du succès de la Wii, les ambitions du constructeur crèvent désormais tous les plafonds. Des projets qui dépendront beaucoup de la capacité de la console à transcender l'effet nouveauté et à faire oublier ses carences technologiques.
Sur la lancée du Nintendo Media Summit, un évènement organisé la semaine dernière par le constructeur, les interviews de dirigeants se multiplient dans la presse américaine et on constate une tendance intéressante. Oublié le souvenir un peu douloureux de la Gamecube, finalement arrivée en dernière place derrière la Xbox et la Playstation 2. Finie également l'alliance Wii60 revendiquée par Microsoft contre l'ennemi soi-disant commun Sony. Nintendo, mis en confiance par les résultats spectaculaires de ces derniers mois, a bouffé du Pokémon et ne vise désormais rien de moins que les premières places de tous les classements. Deux fois seulement une société a simultanément eu la nouvelle console numéro un, la console portable numéro un, le jeu numéro un des ventes et a été l'éditeur numéro un, s'est vanté Reggie Fils-Aime, le président de Nintendo Etats-Unis, chez le New York Times. La première, c'était Nintendo dans les années 80. La seconde, c'est Nintendo, maintenant.



Le responsable fait probablement là allusion aux dernières statistiques mensuelles américaines de l'institut NPD. La Wii s'y était classée seconde, juste derrière la Nintendo DS. Les quatre premières places du classement logiciel, elles, étaient monopolisées par les deux versions du dernier Pokémon, Super Paper Mario et Wii Play – tous des jeux Nintendo. Depuis le début de l'année, les résultats de la Wii aux Etats-Unis dépassent d'ailleurs largement ceux de toutes ses concurrentes de la génération actuelle, parfois dans des proportions approchant le 4 contre 1 dans le cas de la Playstation 3. Un phénomène qui pourrait rapidement faire de la seconde console, comme la qualifiaient certains analystes il y a plusieurs mois, une concurrente sérieuse pour les géants Sony et Microsoft estime Nintendo. Jusqu'à maintenant, ils ne se sont pas beaucoup intéressés à nous, a déclaré George Harrison, vice-président du marketing, chez Wired. Mais maintenant que nous rencontrons un certain succès, ils vont probablement se réveiller. Quand je fais le calcul, et les analystes l'ont fait, il y a un point à partir duquel la Wii deviendra la console la plus vendue [en termes de parc installé global], d'abord dans le monde, puis aux Etats-Unis, a affirmé pour sa part Fils-Aime au Wall Street Journal. A un rythme de 2 contre 1 [par comparaison aux ventes de Xbox 360], ce point pourrait parfaitement être atteint cette année, sinon l'année prochaine. […] Si j'étais un concurrent, ça me ferait réfléchir.



Le constructeur a, du coup, franchement révisé ses ambitions à la hausse. Il y a une semaine, il annonçait ainsi son intention de vendre 35 millions de Wii sur le territoire américain d'ici 2011 ou 2012, approchant de très près les 38.2 millions de Playstation 2 vendues aux Etats-Unis par Sony, selon Bloomberg. Harrison, lui, estime que Nintendo peut capturer 40 à 45% du marché console cette génération, voire plus de 50%, selon ce que vont faire les compétiteurs. S'ils se concentrent seulement sur les Grand Theft Auto, les Halo et les autres jeux de ce genre, ils misent sur une minuscule partie du marché, a déclaré le responsable. Mais Nintendo ne compte visiblement plus concourir sur le seul terrain du jeu vidéo. Nous ne considérons plus Sony et Microsoft comme nos seuls compétiteurs, a lancé Fils-Aime. Si les gens décident de rester à la maison un samedi soir pour jouer à Wii Bowling au lieu d'aller au cinéma, c'est une victoire pour nous. Si les gens passent 22 minutes à créer leur Mii parfait au lieu de regarder une série télé, c'est une victoire pour nous.



Toute la question, depuis la sortie de la console d'ailleurs, est de savoir si le succès rencontré par la Wii est du genre pétard gadget ou, au contraire, neiges éternelles. Et c'est sur ce point précis, bien entendu, que les avis divergent. Un analyste interrogé par le Los Angeles Times s'inquiète en particulier d'un revers possible de l'effet
ouveauté. La Wii plait principalement au grand public, et on peut sérieusement se poser la question de savoir combien de temps ces joueurs occasionnels se satisferont de la plateforme, estime-t-il. Ca ne me surprendrait pas de voir leur intérêt faiblir en un temps relativement court. L'analyste met également en avant les spécifications techniques très modestes de la machine, et se demande si le public, d'ici deux ans, acceptera les graphismes asse résolution et les faibles performances générales, alors que la Xbox 360 et la Playstation 3 auront atteint leur rythme de croisière. D'autres, au contraire,
'imaginent pas que le phénomène puisse faiblir, un succès attribué en partie au statut de reine des party games de la machine. Impossible cependant d'ignorer le cas DS, une console disponible depuis maintenant plus de deux ans et dont la popularité continue à battre des records. Le constructeur est-il en train de toucher le jackpot en faisant jouer ceux qui, comme disait Cindy Lauper, just wanna have fun ? Je n'ai pas besoin de passer des heures à crapahuter dans un donjon et à apprendre des manœuvres compliquées [pour m'amuser], explique un joueur de 36 ans au Los Angeles Times. J'adore la Wii. Elle me rend heureux.

Source : Overgame.com