La jeune femme se retourna, prête à sermonner sa servante comme elle le méritait. Un homme d’âge mûr se tenait au seuil de la chambre, il arborait fièrement une moustache blanche soigneusement taillée. Son costume luxueux taillé sur mesure confirmait son rang social élevé mais ne parvenait pas pour autant à cacher son ventre proéminent et une vieillesse prématurée. Vnaasyh écarquilla les yeux, et ne parvint qu’à grand peine à articuler un mot.
« Père ? » Le noble sourit faiblement et s’approcha de la fenêtre d’un pas lent, hésitant.
« Je ne te dérange pas j’espère. » Sa fille ne savait que répondre, la voix douce était peu coutumière de la part du maire de Valnah.
« Non, non bien sûr que non, mais les invités ? » L’homme se retourna et trouva le courage de regarder la jeune femme dans les yeux.
« Ils parviendront à me piller sans que je leur explique comment faire. » Balanion se tut un instant, cherchant désespérément les mots justes. Vnaasyh répondit à sa place, d’une voix blessante qui fit vaciller la volonté du vieil homme.
« D’habitude je suis le dernier de tes soucis, tu préfères te pavaner le plus de temps possible devant ces courtisans qui te méprisent. Tu ne montes dans ma chambre que pour te plaindre de moi. Alors oui en effet je suis étonnée de ta venue, peut être voulais-tu vérifier une dernière fois que je suis assez séduisante pour ces prétendants ? » Balanion soupira tristement et vint s’asseoir sur une chaise dans l’espoir de supporter plus facilement cette douloureuse discussion.
« Tu es la plus belle chose qui m’ait été donné de voir au monde et je reconnais que je n’ai pas su te donner l’amour que tu méritais mais…
- Non, hors de question, tu ne m’auras pas de la sorte, même si tes paroles ne sont pas qu’un mensonge de plus je me moque de savoir ce que tu penses de moi, il est trop tard pour revenir en arrière, épargne moi ta misérable confession et entre dans le vif du sujet avant que je quitte cette pièce.
- Ce n’est pas un mensonge… » Vnaasyh fit un pas en direction de la porte et lança un regard furibond à Balanion, l’homme semblait fondre sur place.
« Non ! Reste ici. » supplia t’il. Sa fille ne bougea pas, prête à clore cette désagréable discussion. « Je ne viens pas ici te demander d’en choisir un, je sais très bien que jamais tu ne m’obéiras.
- Tu sembles enfin avoir compris quelque chose sur moi » railla t’elle, un rictus dédaigneux au coin des lèvres.
« Amuses toi autant que tu le voudras, cette soirée est tienne ma fille. » La jeune femme sortit de la pièce, claquant avec violence la porte derrière elle.
Un magnifique escalier de bois s’ouvrait sur une salle de réception bondée. Vnaasyh reconnut de nombreux visages familiers et envisagea un instant de retourner s’enfermer dans sa chambre, hélas celle-ci se trouvait occupée par un visiteur indésirable. Elle s’appuya sur la fine rambarde, observant la soirée d’un œil méprisant.
« On ne se joint pas à la soirée mademoiselle ? » La jeune femme ne prit pas la peine de répondre mais accepta volontiers le verre d’alcool tendu dans sa direction et le vida d’une gorgée.
« Ce n’est pas en te cachant et en te soûlant que tu trouveras un mari digne de toi.
- Je serais parfaite que tu ne voudrais toujours pas de moi, je me trompe Nadiel ? » L’homme pouffa, Vnaasyh éclata de rire et remplit son verre. Elle appréciait le fermier, contrairement aux autres il ne la jugeait pas par sa beauté ou par sa manière de se conformer aux codes, elle était son amie, tout simplement. Son allure de bonhomie et ses joues rondes étaient une bouffée de chaleur pour la fille de noble, elle pouvait se confier sans le moindre souci.
« En effet, ce qui est parfait ne m’intéresse pas, j’aime le naturel, l’authentique.
- Tu devrais épouser une vache, au moins elles sont muettes et ne font que brouter de l’herbe à longueur de journées. » Le fermier se frotta le front pensivement et grimaça.
« Ce serait un choix intéressant mais hélas ces braves bêtes ne parlent pas assez.
- Et moi trop » ajouta Vnaasyh en versant de nouveau le délicieux breuvage dans son verre. Nadiel s’esclaffa bruyamment et dévisagea la jeune femme avec un sourire émerveillé.
« J’avoue que ta langue te sert abondamment mais le problème est que ta jolie petite tête s’y mêle de trop, les pauvres agriculteurs de mon espèce ne parviennent pas à suivre.
- Cesse de te critiquer et avoue une bonne fois pour toute que en plus d’être un type bien t’es intelligent.
- Trèves de plaisanterie, viens avec moi, de nombreuses personnes aimeraient te voir. »

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posted the 05/29/2007 at 08:22 PM by
yssan
Encore merci pour tes commentaires.
Enfin bon, bon courage pour la suite dont une partie est déjà écrite il me semble.