Au cas où certains seraient effrayés par la longueur du texte j'ai découpé en morceaux.

Deux yeux vairons observaient intensément un miroir d’argent. Froncement de sourcils, Vnaasyh soupira et ferma sa trousse de toilette violemment. La jeune femme aimait depuis toujours son visage, ses traits harmonieux, ses cheveux dorés, mais elle haïssait ses yeux.
« Comment trouver une robe correcte avec ces deux billes vertes et bleues ? » Une voix éclata d’un rire cristallin. Une servante vint se placer près de la glace.
« Ma pauvre amie, quand cesseras-tu de te plaindre ? Les hommes de Valnah sont tous sous le charme de ces deux perles.
- Peu m’importe leurs avis » mentit-elle sans parvenir à dissimuler un sourire de fierté, « je ne les aime pas, et ce n’est pas le regard d’un prince qui me fera changer d’avis. » La soubrette pouffa et s’éloigna vers une armoire en bois de pin taillée avec talent.
« Malgré la beauté de tes yeux tu ne parviendras pas à séduire grand monde en chemise de nuit. » Vnaasyh se jeta un dernier regard mauvais à travers le miroir et rejoignit son amie.
« Justement Symia, là est l’intérêt, je pourrais passer une soirée en paix sans que l’on ne me dérange. » La jeune femme s’assit sur un matelas de plumes et observa la servante trier les robes toutes plus colorées les unes que les autres, une lueur de dégoût dans ses yeux vairons.
« Je te trouves injuste, soit un peu plus tolérante avec les hommes ou tu finiras vieille fille. » Vnaasyh grimaça et jeta un regard rêveur à travers la vitre en verre.
« Peut être est-ce ce que je veux, pourquoi me faire belle ? Eux ne sont ni plus beaux ni plus intelligents que la dernière fois. » Symia abandonna sa fouille méthodique et vint s’asseoir sur une chaise de bois et de paille.
« Plus riches peut être ? » La jeune femme répondit sur une petite voix.
« Aussi grande soit leur fortune jamais ils ne seront plus riches que mon père. » Elle ferma les yeux dans l’espoir d’évacuer de négatives pensées.
« Oui pas de doute là-dessus. » La servante se tut un instant, une phrase mal tournée pouvait aisément aggraver le trouble de son amie. « Et le fils du cordonnier, tu ne le trouves pas à ton goût ? » Vnaasyh soupira tristement.
« Il est plutôt mignon et loin d’être stupide mais son regard me fait peur, un pervers. Non décidément je ne trouverais pas l’homme de ma vie dans Valnah. » Symia grimaça et répondit d’une voix triste.
« Je n’arrive pas à croire que tu puisses renoncer au mariage, une fille si jolie et si riche.
- Je ne renonce pas au mariage, il y a d’autres hommes au-delà de Valnah. » Son amie sursauta et planta ses yeux noisette dans ceux de la jeune femme.
« Tu n’y penses pas j’espère ? Quitter notre village ! Quelle folie ! » Vnaasyh tenta d’adopter un ton aussi déterminé que possible.
« Et pourquoi pas ? Ce n’est que de la logique, si je ne trouve pas mon bonheur ici je dois aller chercher ailleurs. Cela doit être si passionnant de visiter le monde ! » La servante se leva d’un bond.
« Ma pauvre serait-ce la solitude qui te rend aussi folle ?
- Que suis-je aux yeux de ces gens ? Vnaasyh la fille du maire et non Vnaasyh. Seule je n’ai aucune valeur, strictement aucune… » Symia dévisagea son amie avec inquiétude et semblait hésiter sur la conduite à suivre.
« Tu ne nous couverais pas une déprime j’espère ? » La jeune femme étira sa bouche en un sourire las.
« Je suis toujours comme ça, tu n’avais jamais remarqué ? » La servante leva les yeux au plafond sans que son amie ne la remarquât.
« Dépêche toi d’enfiler une robe répliqua t’elle sur un ton sec, la soirée va bientôt commencer. » Symia quitta la pièce d’un pas précipité.
« Comme tu voudras… » Vnaasyh se releva sans une once de motivation et jeta un regard exaspéré à l’amoncellement de vêtements. Elle choisit une robe de velours vert discrète mais très jolie ainsi qu’un bandeau cyan qu’elle affectionnait particulièrement. « Je ne me fais pas belle pour eux mais pour moi » murmura t’elle. Quelques coups timides retentirent faiblement et quelques instants plus tard la porte s’ouvrit.