Je suis mort.
Je suis mort… Personne ne peut échapper à la faucheuse, un jour ou l’autre elle parvient toujours à dérober notre précieuse âme. Souvent en traître, sans nous laisser le temps de savourer une dernière respiration, parfois elle attaque de face, lentement, en prenant son temps. Nous savons que nous allons mourir mais n’acceptons pas notre décès, dans un ultime élan de désespoir nous nous attachons à notre misérable existence. Bien plus rarement, elle exauce un vœu, un vœu noir, un vœu de mort, elle accepte avec bonté notre désir de suicide.
Je désirais ardemment rejoindre l’Au-delà, ma vie n’avait que trop duré, mon corps se lassait de ce monde maudit, se lassait de l’existence même de la vie. Mais était-ce le bon moment ? N’avais-je pas quelque chose d’autre à faire ? Je l’ignore, je ne le saurai peut-être jamais.
Je revois cet instant d’infini, le moment où, votre existence prend une dimension insoupçonnée. Votre destin est entre vos mains, vous vous trouvez au point culminant de votre vie. Je menais un combat acharné, un combat à mort, la victoire m’était promise, mon adversaire, aussi fort fût-il, faiblissait de secondes en secondes, je lisais dans ses yeux la peur, il voyait sa propre vie s’échapper à chaque coup d’épée et luttait avec le désespoir du prédateur aculé. Intérieurement je me réjouissais, tant d’années s’étaient écoulées, tant de fois j’avais souhaité sa mort pourtant, au moment décisif où mon désir de vengeance s’accomplissait, une pensée douloureuse traversait mon esprit, bien plus puissante que cette volonté de mort.
Pourquoi voulais-je le tuer ? Il avait anéanti ma vie, réduit tous mes espoirs et mes ambitions à néant, mais n’était-ce pas moi le véritable danger ? Je remuais ciels et terres dans l’espoir de le retrouver pour l’annihiler à jamais, dans ma croisade de haine je rencontrais et tuais d’innombrables innocents, mes errements dans ce monde mortel m’avaient conduit à perdre mon âme elle-même. Je n’étais guère plus qu’un corps sans vie, une machine à tuer aux desseins obscurs.
Pourquoi le tuer ? Quelle volonté animait mon bras meurtrier ? Je ne luttais plus pour ma vie, je me battais par désespoir, par haine. A l’instant d’asséner le coup de grâce salvateur mes pensées me trahissaient, mes victimes me harcelaient dans une ultime attaque, mon adversaire perçut mon trouble et profita de l’occasion inespérée pour reprendre le combat avec toujours plus de détermination et de hargne. Mes attaques se faisaient hésitantes, je perdais du terrain, d’avantage occupé à chercher le sens de cet affrontement sans pitié. Je la vis à ce moment, consciente de mon trépas imminent, elle me souriait, se délectait de la vision de cette âme tourmentée. Un sentiment de joie m’envahit, après toutes ces années d’obscurité je voyais le bout du tunnel. Une épée me traversa le cœur, une douleur fulgurante balaya cette allégresse éphémère. Le sang coulait à flot, ma vie fuyait à chaudes gouttes. J’offrais un dernier sourire à ce monde en ruine et mon âme rejoignait l’Au-delà.
Sensation étrange, sensation de vide insupportable, sensation de bonheur infini. Mon âme s’élevait au dessus de la scène de mon trépas. Je voyais sans le moindre regret mon adversaire se réjouir de cette victoire inattendue , la mort le prendrait bien assez tôt. Mes yeux inexistants se tournèrent vers le chemin qui m’amenait vers ma dernière et ultime demeure, la faucheuse me guidait d’une main décharnée.
Des rayons lumineux salvateurs lavaient mon âme de maux accumulés durant une existence trop longue. Des faisceaux aux couleurs infinies m’entouraient et me transportaient vers l’Au-delà, je me laissais porter, heureux de ne plus ressentir le poids de la culpabilité sur mes épaules douloureuses. Le doux manège devint tourbillon, le monde des vivants disparaissait à jamais de ma vue.
Je me réveillai enfin dans un lieu obscur, une pensée traversa mon esprit et l’espace s’embrasa d’un feu multicolore, le vide laissa place à un foisonnement indescriptible. Le sol n’était que le reflet immatérielle de souvenir révolus de mon existence passée, les noires roches de la Citadelle Noire défilaient sous mes pieds nus sans que cela me procurât la moindre sensation. Je tentais d’imaginer la douce froideur des pierres millénaires après une longue nuit dans un lit chaud, sans succès. A contrecoeur je parcourais les couloirs de mes souvenirs à la recherche d’un quelconque réconfort.
Je croisais de nombreuses autres âmes, perdues dans ces errements sans fin. Certaines m’étaient familières, simples rencontres, vagues amitiés ou victimes de ma folie meurtrière. Elles me regardaient passer sans montrer de signe amical ou hostile. Je franchis une porte métallique irréelle et entrai dans une immense pièce emplie de livres en tout genre et d’œuvres d’art accumulées au cours d’une existence d’érudit. Un bureau de schiste sombre trônait au centre de ce trésor de connaissances. Je m’installai sur une chaise confortable et tentai de me persuader que cette scène était réelle. Je me tournai négligemment vers un siège vide de l’autre côté du mobilier élégamment taillé, vide, désespérément vide.
D’un œil distrait j’observais les tableaux et autres sculptures à l’effigie de héros décédés depuis des temps oubliés, au-delà de la mort je ne pouvais m’empêcher d’aimer ce lieu, peut être les raisons de mon échec s’y trouvaient, enfouis au plus profond des pierres de la citadelle.
Tel est mon châtiment, attendre dans un espoir vain jusqu’à ce que la notion de temps perde tout sens. Les secondes devenaient des mois, des années, sans qu’aucune solution ne vienne éclairer mon âme perdue.

tags :
posted the 01/04/2007 at 11:39 AM by
yssan
Il est a signalé qu'il n'y a que très très peu de faute d'orthographe ça fait toujours plaisir aux yeux, et que le style me plaît plutôt, bien que je trouve les phrases traînant en longueur mais il faut dire que je suis adepte de la phrase concise et courte. Quant à l'histoire je ne peux pas trop juger pour l'instant mais le début est assez prometteur.
Pour résumer : je dirais que les phrases sont peut-être un peu trop longue et chargée et que le synopsis est assez communs sur certains points. J'espère que ces quelques lignes et commentaires te seront constructif et je te souhaite bonne chance pour la suite.
PS : je fais aussi une histoire au fil d'un blog, si tu as du temps à perdre n'hésite pas : http://www.jeux-france.com/blog_Sp0ken