Le Royaume Anglo-Corse
C'est en Juillet 1790 que Pascal Paoli fera son retour sur le territoire insulaire. Deux mois plus tard, il sera élu commandant en chef des gardes nationales Corses et par la suite président du Conseil général du département.
A Bastia, après la déposition de l'évêque qui refuse de prêter serment à la Constitution civile du clergé, on assiste à une émeute religieuse (Juin 1791).
Paoli la réprime avec sévérité et transfère le chef-lieu à Corté, s'attirant ainsi en 1792 l'hostilité des Jacobins Corses, y compris Salicetti et les frères Bonaparte.
Le premier février 1793, la Convention décide l'envoi de trois commissaires en Corse (dont Saliceti) pour surveiller la conduite de Pascal Paoli.
Ce dernier est tenu pour responsable en Corse de l'échec d'une expédition contre la Sardaigne (février) à laquelle participait Napoléon Bonaparte.
Deux mois plus tard, la Convention décrète l'arrestation de Paoli et de Charles André Pozzo di Borgo à la suite d'une dénonciation de Lucien Bonaparte qui les accuse de despotisme.
Les commissaires en Corse depuis le 5 avril, hésitent à exécuter l'ordre devant les menaces des Paolistes. Fin mai, une consulte à Corté condamne le gouvernement français et proclame Paoli Père de la Patrie.
Ses partisans s'imposent à Ajaccio et saccagent la maison Bonaparte. les commissaires avec Napoléon Bonaparte tentent une attaque navale sur Ajaccio, mais cette dernière se solde par un échec.
En Juillet, alors que Paoli et Pozzo di Borgo sont mis hors la loi par la Convention, la milice Paolienne tient les troupes républicaines enfermées à Calvi, Saint-Florent et Bastia.
En Janvier 1794, Sir Gilbert Elliot, accompagné de conseillers militaires, rend visite a Paoli. Des forces britanniques assiègent et occupent Saint Florent (Février), Bastia (Avril-Mai), et Calvi (Juin-Août).
En Juin, le Royaume anglo-corse sera proclamé à une consulte à Corté et sa Constitution promulguée.
Sir Gilbert sera désigné comme vice-roi, au grand mécontentement de Paoli. Ce dernier soulèvera alors une émeute en 1795 dirigée contre Sir Gilbert et Pozzo di Borgo et s'exilera pour l'Angleterre le 13 octobre 1795.
En Avril1796, des émeutes provoquées par le parti républicain éclatent, Sir Gilbert recevra alors plus tard l'ordre d'évacuer la Corse.
Des troupes de l'armée Napoléonienne d'ltalie occuperont par la suite l'île sans rencontrer d'opposition.
La Corse et Napoléon
En 1796 , la Corse est divisée en deux départements.
L'année1798 voit naître la Révolte de la Crocetta, inspirée par le clergé, qui se déclenche dans le nord de l'île. Le fils du patriote Giafferi y sera exécuté.
En Décembre, une coalition de Corses exilés, royalistes, Paolistes et pro-anglais, vont susciter un soulèvement au Fiumorbo avec l'appui de la Sardaigne et de la Russie. Les répressions seront d'une extrême sévérité.
Plus tard, (1801) Napoléon suspendra la Constitution en Corse et y enverra comme administrateur général Miot de Melito, qui mettra en place des concessions fiscales, les Arrétés Miot.
A partir de 1801, c'est au tour du général Morand de gouverner l'île. Il le fera avec une grande dureté.
Le Décret impérial sera mis en place en 1810, et permettra d'octroyer de nouveaux dégrèvements fiscaux. L'île sera ensuite réunie en un seul département avec Ajaccio comme chef-lieu. Le général Morand est alors remplacé par le général César Berthier, frère du futur maréchal.
En 1812, Napoléon, dont l'alliance avec Alexandre 1er avait été rompue, entreprit la campagne de Russie qui prit fin avec la retraite désastreuse de Moscou. Seulement moins de 50.000 soldats rescapés rentrèrent de la campagne de Russie. Par la suite, l'ensemble des puissances européennes (la Prusse, l'Allemagne, la Russie, l'Autriche et l'ennemi de toujours, l'Angleterre) s'allièrent contre lui.
En avril 1814, ses maréchaux refusèront de continuer le combat. Déchu par le Sénat le 3 avril, Napoléon abdiquera sans conditions et sera exilé à l'île d'Elbe,
Ce qui provoquera des réjouissances à Ajaccio. Bastia accueillera alors des troupes anglaises commandées par le général Montrésor.
1815, Mars / Avril, des agents de Napoléon envoyés de l'île d'Elbe réussissent à s'imposer en Corse. Napoléon retourne alors sur Paris, l'île est administrée jusqu'à Waterloo par le Duc de Padoue.
Suite à la défaite de Waterloo, Napoléon perdra tout appui politique et sera exilé à Sainte-Hélène où il mourra le 5 mai 1821.
En février 1816, un dernier soulèvement Bonapartiste voit le jour, c'est la guerre du Fiumorbo mené par le Commandant Poli.
Bien que cette guerre ait prouvé que les partisans de Napoléon étaient nombreux et résolus, et après une farouche résistance, Poli et ses compagnons, pourtant encore invaincus, mais assurés de l'amnistie général, quitteront la Corse.
Les hommes et les femmes du Fiumorbu sont les derniers acteurs de la Corse des profondeurs, toujours conquise, jamais soumise.
Avec eux, c'est l'adieu aux armes définitif.
La Première Guerre mondiale
La mobilisation se déroule dans l'enthousiasme; de nombreux jeunes gens devancent l'appel ou signent des engagements volontaires malgré les inquiétudes des mères.
On évalue à 40.000 le nombre des mobilisés dont de nombreux pères de famille comptant jusqu'à 6 enfants. Ces départs privent la Corse de main-d'œuvre.
L'arrivée des premiers blessés (septembre 1914) à bord du Numidia, les listes de morts n'atténuent pas pour autant les sentiments patriotiques. Durant les combats meurtriers de la Marne, de Verdun... se sont illustrés le 173e régiment de ligne, le général Grossetti, l'aviateur Jean Casale, sans oublier ceux dont les noms s'alignent sur les monuments aux morts.
L'armistice est accueillie dans l'allégresse mais aussi dans l'anxiété liée à la longue attente du retour des blessés.
Les 15.000 morts sont honorés: souscriptions pour élever des monuments jusque dans les moindres villages, inauguration en 1933 de la Borne de la Terre Sacrée à Ajaccio.
L'arrivée irrégulière des bateaux entraîne de graves problèmes de ravitaillement: le pain, le sucre, le pétrole sont rationnés. La pénurie est aggravée par l'hébergement de prisonniers de guerre allemands: 2.000 sont cantonnés dans les couvents et pénitenciers, puis utilisés comme mains-d'œuvre dans les campagnes.
La Corse devient une terre d'asile pour les réfugiés: 4.000 serbes et syriens bénéficient d'une généreuse hospitalité; ils sont répartis dans les villes et les villages.
Pour subvenir aux besoins de la population, les terres abandonnées à la friche sont remises en culture suivant les pratiques traditionnelles, au prix d'un dur labeur.
En 1918, la Corse est frappée dans sa chair: le torpillage du Balkan, en août, au large de Calvi, entraîne la mort de plus de 500 personnes.
En septembre, la grippe espagnole ravage certains villages et oblige le préfet à prendre des mesures pour limiter l'épidémie: cercueil plombé, ensevelissement profond.
A la fin des hostilités l'île est atteinte dans sa vitalité.
Aux pertes en vies humaines s'ajoutent les départs massifs.
Nombre d'anciens combattants refusent le retour au pays, tentés par une vie meilleure sur le continent ou aux colonies, dans l'administration ou l'armée. Le déclin économique s'accentue.
La Seconde Guerre mondiale
Après la défaite et l'armistice de juin 1940, la Corse est rattachée à la zone libre.
Le régime de Vichy entraine l'adhésion ou l'opposition sans que l'on parle déjà de collaboration ou de résistance.
Le 8 novembre 1942, le débarquement des alliés anglo-américains en Afrique du Nord crée un nouveau front en Méditerranée.
La Corse est occupée par les troupes italiennes. 80.000 soldats pour 220.000 habitants prennent position jusque dans le moindre village.
La population supporte mal la présence de soldats qui réquisitionnent des maisons, accaparent une partie du ravitaillement alors rationné.
On reproche aux Italiens leurs prétentions sur l'île. Ils ont tendance à exercer l'autorité de l'administration (préfet, police) et se livrent à une surveillance tracassière.
La résistance repose alors sur deux réseaux:
- le Front National animé au départ par des militants communistes, peu nombreux, mais efficaces;
-les groupes en liaison avec la France Libre du Général De Gaulle: Fred Scamaroni, dès le printemps 1941, établit les premiers contacts avec Londres.
Une active propagande sensibilise la population: tracts tirés à la ronéo, journaux clandestins. A partir du printemps 1943, la tension monte. La France Libre, dépuis Alger, fournit l'armement grâce aux missions du sous-marin Casablanca et aux parachutages. Venu en Corse en janvier 1943, F. Scamaroni essaie d'unifier les mouvements de Résistance; dénoncé, il est torturé et se tue sans avoir parlé.
Les attentats et les coups de main contre les postes italiens provoquent des arrestations et exécutions de patriotes (Jules Mondoloni, Jean Nicoli...). D'autres, traqués dans le maquis, échappent à la répression grâce au soutien de la population.
Le 8 septembre 1943, à l'annonce de la capitulation de l'Italie, les Corses se soulèvent. Ajaccio et Sartène sont libérées dans la liesse générale.
En revanche Bastia voit l'arrivée massive des Allemands, renforcés par le repli de la division blindée de Sardaigne qui veut regagner l'Italie par la Corse.
De Gaulle décide l'envoi de bataillons de choc.
Ils rejoignent les patriotes qui harcelent les troupes allemandes le long de la plaine orientale. Ces dernières détruisent ponts routiers et chemin de fer pour protéger leur retraite et évacuent le 4 octobre Bastia, ville sinistrée par les bombardements.
Libérée par la seule action des patriotes et des Forces Françaises Libres, l'île devient une base pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence (août 1944).
Les Evènements d’Aléria
Le 21 août 1975, à Aléria: quelques dizaines d'hommes, entraînés par le Docteur Edmond Simeoni, occupent la ferme d'un viticulteur suspecté d'être mêlé à un scandale financier.
Le leader de l'ARC (Action Régionaliste Corse) fait
connaître en ces termes les motifs de ce coup de force:
Il s'agit de dévoiler le scandale des vins mettant en cause le propriétaire de la cave et plusieurs de ses amis négociants. Après avoir bénéficié de prêts exorbitants, les responsables des caves vinicoles ont mis sur pied une énorme escroquerie de plusieurs milliards d'anciens francs, au préjudice de petits viticulteurs.
La suite est connue: douze cents gendarmes et C.R.S., transportés par hélicoptères et appuyés par des blindés, donnent l'assaut pour vider la cave de ses occupants.
Le vendredi 22 août, après une fusillade qui fera deux morts parmi les forces de l'ordre et un blessé grave parmi les manifestants, le leader des occupants de la ferme Depeille se rend dans un nuage de fumée.
Tandis que la foule veut forcer les barrages et entonne l'hymne corse, des hélicoptères déposent de nouveaux renforts et les autonomistes quittent, armées, leur camp retranché alors que de nouveaux manifestants viennent incendier ce qui reste de la ferme et des bâtiments vinicoles.
La nuit connaîtra de violents affrontements à Bastia.
La dissolution de l'A.R.C., le 27 août, donne lieu à des affrontements armés à Bastia, qui font un mort et plusieurs blessés parmi les forces de l'ordre dépêchées du continent.
Le drame d'Aléria, ces trois minutes qui ébranlèrent la Corse sera suivi d'épisodes peu clairs, où l'action des notables et chefs de clan qui n'avaient rien fait pour éviter les affrontements, plongeront l'île dans une incertitude qui durera encore longtemps.
Source : http://www.storiacorsa.com/
J'y pensé plus du tout dsl ._.