Les Grecs de Phocée
Les Grecs vagabondent eux aussi dans les parages. II se peut que les vaincus de la guerre de Troie y cherchent un refuge.
Ajax n'a sûrement pas fondé Ajaccio. Mais Ulysse peut-être a fait escale dans le fjord de Bonifacio, qu'évoquerait Homère quand il parle du pays lestrygon Une double falaise, à pic, sans coupure, se dresse alentour, et deux caps allongés, qui se font vis-à-vis au-dessus de l'entrée en étranglent l'ouverture... Pas de doute, pas de flot, point de ride; partout un calme blanc.
Les Phocéens, eux, ne relèvent ni de la légende, ni du poème épique. Chassés par la pression des Perses, ils essaiment sur la côte Provençale, puis sur le rivage Corse, face à l'Etrurie.
La mer Tyrrhénienne est à demi fermée, avec des îles qui favorisent le cabotage. Sur cette côte rectiligne, ils repèrent le site idéal, près de l'estuaire d'un fleuve et à portée de lagunes propices à des installations portuaires.
Les navires Grecs n'ont qu'un faible tirant d'eau, et ils n'ont pas besoin d'autres mouillages. Point d'écueil. Les vents d'Ouest sont arrêtés par les montagnes. Les courants maritimes sont favorables.
Tout un petit peuple d'émigrants s'établit, avec femmes, enfants et statues des dieux. C'est Alalia (Aléria) qui naît, fille de Phocée.
Des Grecs de Phocée, en Asie Mineure furent les premiers hommes civilisés à découvrir la Corse, bien que l'île est été habité au moins depuis le 7ème millénaire avant notre ère. Vers 565 av JC, ils établirent un comptoir commercial sur la côte orientale ; les merveilleuses céramiques qu'ils se procurèrent dans les centres de fabrication les plus renommés de la Méditerranée, témoignent de leur prospérité.
Ils firent connaître à leurs voisins Corses, peuple simple aux mœurs pastorales l'existence d'une haute civilisation avec sa littérature, ses arts et ses croyances.
Alalia ne ressemble pas aux villages Corses, faits de rochers et de huttes. Elle aligne de vraies demeures au long de rues et de places dessinées par des urbanistes. Elle importe de Grèce amphores, coupes et cratères. Elle introduit la vigne et l'olivier dans la plaine orientale, elle enseigne l'écriture et l'art de saler le poisson, elle exploite des gisements d'argent, de fer, de plomb.
Refoulés dans la foret et le maquis, les Corses de l'intérieur élèvent leurs chèvres. Aux Grecs du littoral, ils vendent le miel, la cire et la résine: premiers échanges, premiers contacts, premiers mélanges.
Sur l'origine d'Aléria, le vieil Hérodote, au Ve siècle av JC, nous a laissé un récit dont les fouilles ont confirmé la véracité.
On y apprend que les Phocéens, ces Grecs d'Asie Mineure qui ont joué un rôle de premier plan dans la colonisation Grecque de l'occident Méditerranéenne, où elle (Phocée) fut la principale concurrente des Phéniciens puis de Carthage, assiégés par les Perses de Cyrus, décidèrent d'abandonner leur ville et s'installèrent avec femmes et enfant dans une ville dont le nom était Alalia et où 20 ans auparavant ils avaient d'après un oracle relevé (ou élevé ?) une ville.
Disons pour simplifier, que le gros de la colonie Phocéenne s'installe avec armes, bagages et dieux autour de 540 av JC. Ils y resteront des siècles, y construisant une ville harmonieuse, prospère, qui survivra même aux défaites et aux occupations successives jusqu'à sa destruction totale au début du Vème Siècle après JC par les mains des vandales.
Source : http://www.storiacorsa.com/

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