BAGDAD (Reuters) - Trois ans après son interpellation par les forces américaines, Saddam Hussein pourrait être condamné dimanche à la pendaison si le tribunal irakien qui le jugeait pour crimes contre l´humanité le reconnaît coupable.
Ce premier procès de Saddam Hussein a débuté il y a un an devant un tribunal irakien auquel les Etats-Unis n´ont pas ménagé leur aide. En jugeant l´ancien président, accusé d´avoir tué et torturé pour se maintenir son pouvoir, les autorités espéraient unir les communautés disparates d´Irak.
Mais, depuis, le pays a plongé dans la guerre civile et, loin de servir de catharsis, le procès a plutôt exacerbé les animosités entre communautés. Trois avocats de la défense ont été tués et un juge d´origine kurde a démissionné en dénonçant des ingérences politiques.
Agé de 69 ans, l´ancien président et sept co-prévenus sont accusés de crimes contre l´humanité pour le massacre de 148 chiites à la suite d´une tentative manquée d´assassinat contre le président, dans le village chiite de Djoubaïl en 1982.
S´il est reconnu coupable, Saddam Hussein sera passible de la peine de mort par pendaison, un châtiment qui, selon le Premier ministre Nouri al Maliki, un chiite, ne viendra jamais assez tôt. Mais l´exécution d´un tel verdict pourrait prendre des mois, si ce n´est des années.
Saddam Hussein doit par ailleurs comparaître à nouveau vendredi à un autre procès pour génocide à l´encontre de Kurdes, dans les années 1980. Et il pourrait aussi être poursuivi dans une dizaine d´autres affaires.
RISQUES DE REPRESAILLES
La défense de l´ancien raïs de confession sunnite a imputé à des activistes chiites l´assassinat de trois de ses avocats et le procès s´est déroulé sur fond de violences intercommunautaires croissantes.
A Djoubaïl, nombre d´habitants ont refusé cette semaine de parler à un journaliste de Reuters, de crainte de représailles, et d´autres disaient redouter une vengeance d´insurgés sunnites à l´annonce du verdict.
A Aoudja, le village natal de Saddam Hussein, beaucoup d´habitants réclament sa remise en liberté. S´ils veulent la paix en Irak, nous voulons qu´ils arrêtent cette parodie de procès orchestré par Bush et ses collaborateurs, dit Ahmed al Nassiri, debout devant la mosquée du village, construite sous l´ancien régime.
Les mesures de sécurité ont été renforcées autour de la zone verte où se tient le procès en prévision du verdict, qui selon des sources américaines et irakiennes devrait être rendu dimanche, bien qu´un report ne soit pas à exclure.
Au moment où George Bush est de plus en plus critiqué pour la conduite de la guerre en Irak, une condamnation, à deux jours des élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis, qui s´annoncent très serrées, pourrait donner un coup de pouce au président américain en légitimant en quelque sorte sa politique.
Les autorités américaines affirment que Washington n´a apporté son aide qu´en matière de logistique et de sécurité, mais qu´il n´a en rien cherché à peser sur le verdict ou la date retenue pour le rendre.
Mais, tout au long du procès du massacre de Djoubaïl, les magistrats irakiens se sont maintenus en contact étroit avec des avocats américains du Bureau de liaison des crimes du régime, qui dépend de l´ambassade des Etats-Unis, dit-on de source proche du tribunal.

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posted the 11/03/2006 at 07:20 PM by
freego
Il faut savoir que lors de l'annexion du Koweit en 1990, Saddam avait eu le feu vert de Bush père officieusement!
Et quand on voit ce qui se passe là-bas on se dit que les States n'auraient jamais dû y aller surtout qu'il n'y avait pas d'armes de destructions massives!