Considéré dès son annonce comme un concurrent sérieux de la mythique série Gran Turismo, Enthusia Professional Racing fait enfin son apparition en Europe. Avec une réalisation de bonne facture et une approche différente pour le mode de jeu principal, le titre de Konami a-t-il tous les éléments pour rivaliser avec celui de Polyphony Digital ?
Le réalisme à tout prix
Le cheval de bataille des développeur d’Enthusia est depuis les premiers communiqués de presse le fameux Virtual Gravity System qui permet de modéliser avec précision les transferts de masse s’effectuant sur une voiture lorsque celle-ci est en mouvement. Pour mieux illustrer le degré de réalisme atteint par le procédé, une vidéo apparaît en introduction et permet de comparer les réactions d’une véritable voiture puis de sa représentation virtuelle dans le jeu. Si les divers mouvements et trajectoires semblent reproduits à la perfection, il reste à voir ce que tout ceci donne une fois le pad en main !
Un menu sans surprise
Le menu principal du jeu nous offre des possibilités classiques parmi lesquelles on retrouve les courses chronométrées, les courses libres, les un contre un ainsi que la gestion d’options diverses. Deux autres modes constituent la majeure partie du jeu, à savoir le mode Carrière appelé ici Enthusia Life et le mode Entraînement baptisé Driving Revolution.
Les divers menus du jeu étant particulièrement complets, on apprécie les mini-tutoriaux qui permettent de se familiariser avec les informations affichées par les différents écrans. Ces aides apparaissent automatiquement lorsque vous atteignez tel ou tel menu pour la première fois, et sont ensuite disponible par simple pression d’un bouton si vous avez besoin de vous rafraîchir la mémoire.
Un apprentissage révolutionnaire ?
Avant de se lancer dans une succession de courses folles, il est utile de passer quelques minutes, voire quelques heures, dans le mode Driving Revolution qui permet de se familiariser avec la maniabilité de Enthusia. Le Virtual Gravity System, aussi réaliste soit-il, nécessite en effet une certaine expérience pour être maîtrisé.
Plusieurs épreuves vous seront ainsi proposées qui vous permettront de découvrir toutes les finesses du pilotage de Enthusia. Dans chacune d’entre elles, vous devrez passer une succession de portes à une certaine vitesse, ce qui vous fera prendre conscience petit à petit de la meilleure trajectoire à adopter et de la vitesse optimale à utiliser. Chaque exercice sera noté et vous devrez traverser chaque porte de manière parfaite pour obtenir le plus haut score.
Les premières épreuves sont bien entendu faciles mais l’affaire se corse rapidement et les amateurs de perfection trouveront dans le Driving Revolution de Enthusia un challenge comparable aux permis en or de Gran Turismo 4 !
Une carrière, une vie
Comme nous l’évoquions plus haut, sous le nom Enthusia Life se cache le mode Carrière du jeu, dans lequel vous participerez à de nombreuses courses divisées en plusieurs catégories. Vous commencerez bien entendu dans la catégorie la plus basse qui vous proposera des voitures peu performantes, mais vous pourrez rapidement gravir les échelons et accéder à de véritables petits bolides. Les 200 véhicules du jeu sont classés en 7 catégories : de A à F pour les routières et une classe spéciale R pour les voitures de course.
La progression est décomposée en semaines : durant une semaine, vous pouvez soit participer à une course parmi plusieurs proposées, soit changer de voiture. Chacune des courses disponibles (il en existe une cinquantaine) est affublée d’un nombre indiquant le montant des points d’expérience acquis en cas de victoire : plus cette cote est élevée, plus la course vous permettra de progresser. En revanche, il sera bien sûr plus difficile de gagner ! Et c’est d’ailleurs là l’un des écueils du jeu : pour monter rapidement de niveau, il est souvent préférable d’arriver troisième sur une course difficile que premier sur une course facile ! On pourra trouver cet état de fait réaliste mais il n’en est pas moins un peu frustrant.
Après chaque course, l’écran de la Razzia des rivales apparaît : il s’agit d’un tirage au sort dans lequel vous pouvez débloquer l’une des voitures contre lesquelles vous venez de courir. Une fois celle-ci disponible dans votre garage, vous pouvez l’utiliser quand bon vous semble. Attention tout de même : les voitures évoluent au même titre que le pilote ! Plus vous utilisez une voiture, plus celle-ci s’améliore et vous risquez de ne pas tellement faire progresser vos bolides si vous passez votre temps à en changer. Cet aspect semblant sortir d’un RPG complète le relatif manque de réglages disponibles sur les voitures, ceux-ci étant finalement assez restreints.
Afin de ne pas transformer les courses en compétition de stock-car, Konami a eu la bonne idée d’inclure une jauge de points Enthusia : celle-ci décroît à chaque collision ou sortie de route, et vous interdit de participer à une nouvelle course lorsqu’elle est totalement vide. Il faut alors passer une semaine sans compétition pour qu’elle se remplisse à nouveau. Pas vraiment un problème me direz-vous, sauf lorsque vous apprendrez que votre classement est basé sur vos meilleures performances des 12 dernières semaines : autant dire qu’il est mauvais pour votre rang de se passer de l’une d’entre elles !
Après quelques heures passées dans le mode Carrière de Enthusia, on regrette le manque de liberté offert dans le choix des courses : là où un GT4 permet de participer sans ordre précis à des tonnes de compétitions différentes, Enthusia force le joueur à choisir chacune de ses courses dans une séléction prédéfinie. Cette approche a le mérite d’innover mais on finit par se sentir quelque peu prisonnier d’une sorte de scénario, sentiment peu banal lorsque l’on est en présence d’un jeu de simulation automobile !
Une réalisation en dent de scie
Alors que nous avons jusqu’ici détaillé le pilotage et les mécanismes de progression du jeu, il est grand temps de s’intéresser à sa réalisation.
La plus grande surprise d’Enthusia est sans aucun doute l’intelligence artificielle des adversaires qui ne se contentent pas de suivre une ligne idéale prédéfinie : lorsque c’est possible, ils tentent de vous dépasser et sont notamment très forts pour profiter de la moindre de vos erreurs. Engagez-vous un peu trop rapidement dans une épingle de manière à survirer et votre poursuivant n’hésitera pas à plonger à l’intérieur ! Notons toutefois que ces concurrents sont peut-être un peu trop professionnels puisqu’ils ne semblent jamais commettre eux-mêmes d’erreur de pilotage !
Côté graphique, il faut admettre que Konami tire bien son épingle du jeu : les voitures sont bien modélisées et les circuits proposés offrent de nombreux détails même si certains objets paraissent parfois un peu anguleux. A la manière des Gran Turismo, l’environnement de reflète de belle manière sur les véhicules et le jeu gère aussi bien les lens flares que les ombres des véhicules sur la piste. En revanche, les développeurs ont cru bon d’ajouter un cadre grisé autour de l’écran de jeu qui suit les mouvements du véhicule : du plus mauvais effet, on se demande l’intérêt d’un tel ajout ! Enfin, on notera que l’aliasing est un peu trop présent et que les couleurs utilisées paraissent parfois un peu fade.
Niveau sonore, le constat est bien moins glorieux : le son des moteurs est peu convaincant mais il est surtout couvert par des musiques jamais entendues auparavant dans un tel jeu et l’on sait pourquoi ! Si ces morceaux façon « mon premier synthé » peuvent passer en salle d’arcades (à cause du bruit ambiant !), elles sont définitivement horripilantes lorsque l’on est bien confortablement installé chez soi, DualShock en main. Il conviendra de faire un rapide détour par les options pour régler le volume des musiques d’ambiance à zéro !
Conclusion
Il faut se rendre à l’évidence : malgré des qualités indéniables, Enthusia Professional Racing n’est pas le GT4-killer que certains imaginaient. Mais rendons à César ce qui appartient à Jules : Konami n’a jamais prétendu détrôner la série de Sony. Pris en dehors de toute comparaison, Enthusia propose des graphismes de qualité et une maniabilité pointue quoique parfois déroutante. Le mode carrière est quant à lui un peu trop rigide et n’offre pas la richesse et la diversité que l’on pouvait attendre. Si Enthusia est le premier volet d’une série qui s’améliorera au cours du temps, le coup d’essai est prometteur !

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posted the 04/26/2005 at 10:08 PM by
sdv