C'est un signal que les amis de Lionel Jospin attendaient avec impatience. L'ancien premier ministre reprend la parole dans Le Monde daté du 28 juin sur les enjeux de l'élection présidentielle. Fidèle à ses habitudes, il donne dans cette tribune un cadrage, une feuille de route, au PS à un moment clé : avant la convention nationale du 1er juillet qui doit entériner le projet du parti pour 2007, - auquel il n'a pas participé -, avant, surtout, la fin de la session parlementaire et la trêve estivale que chacun conçoit comme une période de décantation.
M. Jospin ne s'avance pas sur sa destinée. Mais il trace le on profil du candidat socialiste : le plus capable de réunir les hommes et les femmes nécessaires pour gouverner avec succès, de rassembler la gauche, d'obtenir la confiance aux Français, puis, pendant cinq ans, de diriger l'Etat républicain et de mobiliser la société. Ce faisant, il ne ferme aucune porte, et surtout pas la sienne. Tout au contraire. Sa démarche est volontairement rassembleuse. Ceux qui ont choisi le non (à la Constitution européenne) n'étaient pas tous antieuropéens, écrit-il. Mercredi, M. Jospin sera aussi l'invité du 20 heures de TF1.
Il rompt ainsi le silence qu'il s'était imposé après la tournée promotionnelle de son livre Le Monde comme je le vois, au moment même où Ségolène Royal démarrait ses meetings dans les fédérations du PS. Depuis, ses amis ont souvent manifesté leur agacement contre la présidente de la région Poitou-Charentes. Laquelle, en retour, n'a jamais ménagé l'ancien premier ministre. Mon projet sera socialiste !, avait-elle clamé dans le Pas-de-Calais, au mois de mai, réveillant ainsi un douloureux souvenir de la campagne de 2002 de Lionel Jospin. La situation ne nous plaît pas, répète le fidèle Daniel Vaillant, ancien ministre de l'intérieur. Mais l'offensive Royal, menée sans répit, a contraint à la prudence.
C'est avec d'infinies précautions que les partisans de M. Jospin, - qui ne veulent d'ailleurs plus qu'on les appelle ainsi -, ont prévu de se réunir mardi soir, hors la présence de l'ancien premier ministre, dans un restaurant parisien. Le dîner devrait rassembler plus d'une vingtaine de personnes parmi lesquelles, outre M. Vaillant, plusieurs élus et membres de la direction du PS, Clotilde Valter, Eric Besson, André Vallini, Jean Glavany, Manuel Valls, mais aussi, selon toute probabilité, le maire de Paris, Bertrand Delanoë ou bien encore le député européen, Harlem Désir. Très proche jusqu'ici de Julien Dray, l'ancien président de SOS Racisme ne l'a pas suivi dans son ralliement à Mme Royal et s'est peu à peu détaché.
Tout est fait pour ne pas réitérer l'expérience de février, lorsqu'un précédent dîner organisé cette fois à la mairie du 18e arrondissement de Paris, maladroitement ébruité, avait donné le sentiment que les jospiniens complotaient dans leur coin. C'est un dîner privé entre copains, minimise M. Vaillant, pour voir comment aider le premier secrétaire. François Hollande a d'ailleurs été averti de la démarche. Il est vrai que copains de Lionel Jospin comptent beaucoup sur lui.
Sans le chef du parti, la candidature éventuelle de l'ancien premier ministre, qui se décrit lui-même comme un acteur différent des autres, n'a guère de chances d'aboutir... M. Vaillant a sa théorie : Lionel Jospin serait le meilleur pour reconstruire la France, le temps d'un quinquennat avant de transmettre le flambeau... à M. Hollande.
Jeudi dernier, M. Jospin a rencontré Arnaud Montebourg à la demande de ce dernier. La rencontre, entre ces deux hommes qui ne s'appréciaient guère par le passé, s'est rès bien déroulée. C'est un homme qui a pensé au passé, qui pense le présent et qui pense l'avenir, affirme le député de Saône-et-Loire qui l'a trouvé...
assembleur.