Plate-Forme : Nintendo DS
Date de sortie : Déjà disponible en version JAP, US et PAL
Version du test : PAL : Textes en Français ou en Anglais au choix
Genre : Simulation d’avocat
Editeur : Capcom
Site officiel : http://www.capcom.com/phoenixwright/
La série des
Gyakuten Saiban perdurait sur
GameBoy Advance sans qu’un quelconque espoir de voir cette fabuleuse saga traduite en Europe ne pointe le bout de son nez. Heureusement grâce à l’intuitivité du gameplay de la
Nintendo DS parfaitement adapté au style de jeu, « Capcom » redresse le tir et nous propose un
Phoenix Wright : Ace Attorney détonnant qui restera dans les mémoires des gamers avides de nouvelles sensations de jeu.
Un peu d'histoire
Phoenix Wright est un avocat de la défense tout juste sorti de l’école qui prône la justice et dévoue sa détermination à protéger les innocents. Sous la coupe de sa patronne Mia Fey qui possède son propre cabinet, celui-ci fait timidement ses premiers pas sur le terrain depuis quelques années, non sans une certaine motivation et un dévouement exemplaire. Une immersion qui se fera plus rapidement que prévu alors qu’un drame va frapper ce célèbre cabinet qui commence à avoir une solide réputation.
Phoenix et Mia, l’élève déterminé et son mentor expérimenté
Sans entrer dans le détail, sachez juste que Phoenix va rapidement se retrouver avec plus de responsabilités qu’il ne l’aurait cru, se retrouvant tout à coup à la tête d’affaires à première vue simpliste mais pourtant bougrement complexes de par les coups montés qu’elles impliquent. Explications.
Phoenix est un avocat de la défense, ce qui implique logiquement qu’il aura à « affronter » des avocats de l’accusation, dont le plus célèbre d’entre eux, Benjamin Hunter (Miles Edgeworth en VO). Un avocat de l’accusation qui ne recule devant rien pour obtenir un verdict « coupable », allant jusqu’à l’intimidation de témoins, la falsification et l’invention de preuves, ainsi que le détournement de pièces à conviction décisives. Hunter a tout de ce contre quoi Phoenix se bat, et pourtant auparavant ils étaient proches.
Benjamin Hunter, le fourbe avocat de l’accusation
Car c’est aussi ça la force de
Phoenix Wright : Ace Attorney, dérouler le scénario et les relations intra-persos petit à petit, sans cassure avec l’intrigue principale ni perdre de vue l’enquête en cours. Ainsi le rappel d’évènements passés comme ce qui a poussé Phoenix a devenir avocat de la défense ou encore pourquoi Hunter est devenu si orgueilleux est narré avec logique et fluidité au cours du jeu, des souvenirs et des flash-back distillés au compte gouttes sans faillir au rythme général.
Par la suite Phoenix volera de ses propres ailes et sera assisté de la sœur de Mia, Maya. Celle-ci est une medium en cours de formation qui révélera des capacités étonnantes à communiquer avec les esprits, une technique héréditaire qui s’avérera particulièrement utile pour résoudre certains nœuds d’affaires plus ou moins compliquées. Extravertie et pourtant complexée par son manque de capacité à aider Phoenix à résoudre ses affaires, Maya sera d’une grande aide en aidant souvent celui-ci à percer le jeu de témoins qui omettent certains évènements ou cachent des éléments déterminants. Maya souffrira tout de même d’un complexe d’infériorité vis à vis de sa sœur qu’elle considère comme un ténor du barreau, complexe qui la poussera à repousser ses capacités toujours plus loin pour venir en aide à Phoenix et lui prouver sa valeur.
La jeune Maya, médium en cours de formation qui possède un sens logique et une perspicacité qui aidera Phoenix maintes fois
Reprenant intégralement les 4 enquêtes du premier épisode de
Gyakuten Saiban, cet opus DS en propose néanmoins une cinquième entièrement inédite au support, cette dernière utilisant davantage les capacités techniques de celui-ci.
Du gameplay adapté au support
Autant poser les bases de suite,
Phoenix Wright : Ace Attorney se joue intégralement au stylet. En gros chaque enquête se déroule grossièrement en trois phases majeures :
1)
L’apprentissage de l’affaire et la récolte d’informations sur le terrain via différents interlocuteurs
Cette phase de jeu consiste essentiellement en l’interrogation de personnes plus ou moins directement concernées par l’affaire en cours et la recherche d’indices sur les lieux parcourus. Les dialogues se passent comme suit :
Les différentes options lors des phases de dialogue
En gros le joueur peut au choix interagir avec la personne interrogée soit en lui posant des question prédéfinies, soit en leur présentant des objets récoltés au préalable. Ces discussions permettent d’obtenir des informations sur l’affaire, des indices sur le déroulement et les circonstances du crime, et souvent même de nouveaux objets.
Ensuite il est possible pour le joueur d’examiner le lieu où il se trouve, cela entraînant principalement la découverte d’indices et de preuves, ainsi que d’informations qui se révéleront utiles au tribunal. Ces objets sont à tout moment consultables dans le dossier de l’affaire, afin d’avoir des informations plus détaillées sur ceux-ci et déceler des incohérences entre eux et la déposition du témoin.
Le joueur peut également se déplacer d’un lieu à un autre afin de parfaire sa connaissance du dossier avant le grand saut, le tribunal.
2)
Le tribunal, déposition du témoin
Le jour du procès, les divers témoins prédéfinis font leur déposition devant la cour. Celle-ci se déroule sous la forme d’un monologue qu’il faudra approfondir ou dans lequel il faudra déceler des incohérences ou des contradictions pour sauver la mise à son client.
Le témoin énonce sa déposition, à vous de déceler la faille
3)
Le tribunal, contre-interrogatoire
Suite à la déposition du témoin, la défense est invitée à procéder à un contre-interrogatoire. Lors de celui-ci, le témoin reprend sa déposition ligne par ligne et le joueur a plusieurs possibilités qui s’offrent à lui via l’écran tactile.
L’option « Attaquer » permet au joueur de demander un complément d’informations au témoin, le poussant à entrer davantage dans le détail sur ce qu’il vient d’énoncer. Une pratique très utile et qui n’est pas sanctionnée par la cour car résultant de plus de clarté sur l’affaire traitée.
Une demande de complément d’informations qui fera avancer l’enquête
L’autre option qui s’offre au joueur est carrément l’objection. Celle-ci est à utiliser lorsque le témoin vient d'énoncer quelque chose qui est en contradiction directe avec une des pièces du dossier, ceci afin de mettre en doute la crédibilité du témoin. Une fois l’objection énoncée, le joueur doit choisir la pièce à conviction à présenter. Cette pratique est souvent décisive et provoque souvent un grand bond dans la compréhension de l’affaire, mais peut également se retourner contre le joueur si celle-ci n’est pas justifiée. Phoenix dispose d’un compteur d’objection représenté sous la forme de 5 « ! ». Si celui-ci se vide complètement, Phoenix échoue et son client sera déclaré coupable. Game Over assuré et il faudra reprendre l’enquête afin de voir là où ça a cloché. A noter que le jeu permet de sauvegarder à n’importe quel moment du jeu, une belle initiative qui peut éventuellement sauver un joueur en mauvaise posture qui ne serait pas totalement sûr de sa prochaine action.

Phoenix a trouvé une contradiction dans la déposition du témoin, c’est l’objection
Un style graphique et une ambiance rafraîchissante
C’est là un des gros points forts de
Phoenix Wright : Ace Attorney, son esthétisme mélant style manga et actions héroïques. Cette ambiance parfois même kitsch donne un côté bon enfant et volontairement innocent au soft, en totale contradiction avec la violence dont peuvent faire preuve certaines affaires.
Phoenix et les autres protagonistes du soft disposent d’un panel d’animations plus qu’honorable et de mimiques typiquement cartoonesques afin de faire retranscrire leurs émotions avec légèreté, ce qui contribue grandement au côté fun du soft.
Phoenix n’en revient pas alors que le magnanime Hunter se laisse aller à un coup de sang
Les lieux parcourus sont tous hauts en couleur et les personnages rencontrés disposent tous d’un caractère propre et d’un style oral particulier. Pour l’anecdote il est hilarant de voir le propre sur lui Benjamin Hunter se laisser aller à tenter de parler le langage ordurier et peu orthodoxe de l’inspecteur Dick Tektiv. A voir au moins une fois, une bonne tranche de rire. A noter également les jeux de mots avec les noms des protagonistes, qui inaugure une VF étonnante de très bonne qualité, qui casse la réputation de la traduction mot à mot (Paul Defès, Flavie Eïchouette, etc…).
Des personnages hauts en couleur et attachants
Les musiques du soft contribuent également à la bonne ambiance générale, par des mélodies tantôt positives, tantôt héroïques ou stressantes. Pour ceux qui douteraient encore du potentiel sonore de ce soft, je vous renvoie à mon premier post sur ce blog qui vous propose l’OST en direct-DL. Ecoutez en particulier le thème « Cornered » ou encore « Objection !», des thèmes magiques qui restent dans la tête pendant des heures et que l’on se plaît encore et toujours à retrouver dans le jeu tant ils sont distillés au bon moment. Quelle classe lors d’une objection décisive, le tout sur une musique adaptée. Le fun dans toute sa puissance.
Une durée de vie honorable qui pâlie une replay value quasi-nulle
La première enquête de Phoenix joue le rôle de tutorial et apprend au joueur les bases des actions disponibles lors du procès. L’attaque, l’objection, la présentation de preuves, tout le gameplay est petit à petit amené au joueur pour qu’il puisse par la suite voler de ses propres ailes. Un autre point fort de ce
Phoenix Wright : Ace Attorney, la simplicité et l’intuitivité de son gameplay. Cette première mission dure une bonne demi-heure et sonne davantage comme un coup d’essai plus que comme une réelle épreuve à traverser.
Par la suite, les enquêtes seront plus complexes et fournies en détails, en informations et en pièces à conviction à étudier. Au fur et à mesure de l’avancée dans le jeu, les enquêtes seront plus longues et plus complexes, la dernière durant à elle même entre 5 et 7 heures. Cela pousse la durée de vie totale du jeu entre 15 et 20 heures, le tout sur une difficulté moyenne, ni trop simpliste, ni trop déconcertante.
Il est tout de même rare de tâter du Game Over, une étude précise des pièces à conviction et des récits des témoins affiliée à un peu de réflexion, d’esprit logique et d’observation parvient souvent à venir à bout de toutes les épreuves sans réelle difficulté au bout de quelques petits essais. Perdre tous ses « ! » ne m’est jamais arrivé, les seuls Game Over auxquels j’ai eut droit étaient ceux suite à un mauvais choix lors des quelques décisions que l’on a parfois à prendre lors de questions directes pendant le procès. C’est aussi un des points forts du soft, avoir toujours l’impression de gagner le procès à l’arrachée, parfois même après que le verdict ait été prononcé grâce à une preuve décisive ou une intervention extérieure.
Des questions directes que le juge pose parfois pour être sûr que le joueur a saisi toutes les subtilités de l’affaire
Par contre une fois le soft achevé, le joueur n’y retouchera plus. Plus aucune surprise, les retournements de situations qui rythmaient le soft n’étonneront donc plus et le soft n’aura plus que peu de valeur en terme de replay value.
Malgré tout le faire en entier la première fois laissera tellement de bon souvenir que le joueur en gardera un bon souvenir qui ne fera que l’impatienter quand à la sortie de la suite,
Phoenix Wright : Ace Attorney Justice For All prévu pour février 2007.
Conclusion
Phoenix Wright : Ace Attorney n’est pas le jeu parfait, certains détails du gameplay comme l’incapacité de créer plusieurs sauvegardes ou même de commencer une nouvelle partie sans effacer l’ancienne révèlent quelques lacunes. La replay value inexistante du soft va logiquement à l’encontre de la qualité globale du soft, en ces temps où une longue durée de vie est un facteur majeur du succès d’un jeu vidéo.
Malgré tout ça, ce jeu est tellement excellent sur de nombreux points que l’on passe largement outre ses quelques petites imperfections pour se focaliser sur le bonheur et le fun que le soft a sut distiller dans nos veines tout au long de ces 15 heures de pur découverte fantastique d’un univers passionnant et intelligemment construit. Les personnages et lieux s’intègrent parfaitement l’un à l’autre, on est réellement face à un univers logique et agencé de façon crédible qui renforce l’envie du joueur à s’impliquer à travers le personnage de Phoenix.
Assurément un hit en puissance, une perle de gameplay adaptée à son support qui prouve que la 2D a encore de beaux jours devant elle, sans besoin de strasses ni paillettes en bullet-time.
Note : 9.5/10