En 2000, soit 39 ans après son illustre prédécesseur Manzoni, Wim Delvoye présentait au Museum van Hedendaagse Kunst d'Anvers, son installation artistique Cloaca.
L'œuvre, une machine très "clinique" de taille imposante, représente un tube digestif humain, parfaitement fonctionnel. A grands coups d'enzymes, sucs et autres bactéries, des aliments, malaxés et ballotés de récipients en récipients, subissent tous les processus d'assimilation qu'ils subiraient dans tout organisme normalement constitué. 27 heures plus tard, au bout de la chaîne, la fidélité est au rendez-vous : de la merde de belle consistance.
Wim Delvoye, artiste belge de 45 ans, néerlandophone, dit de sa réalisation qu'elle a été conçue pour être inutile, nuisible au besoin, coûter très cher et rapporter beaucoup : « J'ai d'abord eu l'idée de faire une machine nulle, seule, avant de concevoir une machine à faire du caca » et « j'ai cherché un truc compliqué, difficile à faire, et cher, et qui ne mène à rien » avant de conclure « En revanche, la cocaïne, ça vaut beaucoup. Et moi, je veux que l'art soit comme la cocaïne. S'il vaut beaucoup dans les musées, il doit aussi valoir beaucoup dans la rue ».
