En manque de frissons en ce début d’année pourtant bien amoindri en degrés Celsius ? Problème réglé avec l’arrivée de Cold Fear promettant des claquements de dents par le biais des sinistres aventures du garde-côte Tom Hansen.
Les studios
Darkworks, responsables de développement du soft, se sont notamment illustrés il y a quelques années en remettant au goût du jour la vieillissante franchise
Alone in the Dark avec un quatrième opus réussi dans l’ambiance, mais malencontreusement plombé de bugs, ce qui lui valut une notoriété peu enviable à l’époque. Aujourd’hui, c’est avec une aventure inédite mais pas pour autant novatrice, et surtout en comptant avec le soutien d’Ubisoft, que le studio français va à nouveau tenter de nous faire cauchemarder dans un
survival/horror se démarquant de ses confrères via un
gameplay remanié. Cela s’avérera-t-il être un choix judicieux de la part des développeurs ?
Darkworks réussira-t-il enfin à nous proposer d’un hit cette année-ci ? Que de questions qui trouveront réponses dans les lignes qui suivent…
Tout allait bien pour Tom Hansen, garde-côtes sur la mer de Bering, jusqu’au jour où ce dernier est convié à prêter main-forte aux quelques occupants d’un baleinier russe, résistant tant bien que mal aux assauts d’une nature déchaînée. Le vent balaie le pont, la pluie glaciale rend toute visibilité quasi nulle et le tangage incessant du bateau rend les opérations de sauvetage périlleuses. Bref, ce n’est pas une partie de plaisir que s’apprête à vivre notre brave blondinet, affiché ici héros malgré lui. Les grincements métalliques du bateau contrastent avec les cris de douleurs provenant des entrailles du navire, à présent peuplées d’une forme de vie jusqu’alors inconnue, les Exocels, une race de monstres réveillée par un forage pétrolier ayant parasitée le cerveau de la majorité des occupants, s’appropriant par la même occasion le bâtiment naval. Le +18 arboré sur la jaquette est donc clairement justifié, car c’est bien à une chasse glauque et sanguinaire que le joueur est invité à participer à bord de ce baleinier fantôme. Mais encore faudrait-il déterminer qui chasse qui…
Inventaire à terre
Le ton est donné, et votre aventure débutera alors sur le pont arrière du baleinier. Vous devrez rejoindre votre équipe, mais pour cela il vous faudra évoluer sur cette plate-forme devenue plus qu’instable suite aux assauts répétés du vent, de la pluie et de la houle maritime venant heurter la coque du navire. A vous donc de progresser avec la plus grande précaution si vous ne voulez pas vous faire engloutir par une vague avenante, ou encore plus bêtement via des poulies et autres suspensions baladeuses. Prudence sera donc le maître mot pour ce prologue « des malheurs de Tom ». Rapidement, vous ferez connaissance avec l’équipage russe qui, pétri de peur ou simplement stupide, ouvrira le feu sur vous sans sommations, ne vous laissant comme unique recours que de mettre fin à leurs jours. Puis ce sera au tour du premier Exocel de passer à l’acte. Pour vous en débarrasser, vous n’aurez comme alternative que de faire exploser la tête du pauvre marin défunt dans laquelle la bête a élu domicile, ce qui donnera d’ailleurs lieu à une franche gerbe de sang qui viendra s’écraser sur la caméra. Celle-ci est d’ailleurs désespérément fixe et vous empêchera parfois d’avoir une bonne visibilité dans certains couloirs du jeu. Pour pallier à cela,
Darkworks pense avoir la brillante idée d’inclure un angle de vue qui suit votre personnage de derrière l’épaule par une pression continue de la touche L. Tom dégainera alors son pistolet (équipé d’une visée laser) ainsi que sa lampe torche et c’est sous cette vue, presque subjective, que vous vous devrez de mener les offensives barbares.
Cependant, même si ceci peut faire penser à un certain
Resident Evil 4, ce ne serait qu’en tant que très pâle copie. En effet, la visée se maîtrise très mal et ce n’est pas la notion de précision qui semble avoir étouffée les développeurs. Ce qui est plutôt dérangeant voire insoutenable, étant donné que chaque corps que vous rencontrerez dans le jeu peut à tout moment être pris d’assaut par un Exocel, est que le seul remède à ce problème est le
Head Shot. Bien sûr, des interactions grossières avec le décor, comme la possibilité de shooter dans des barils ou des tuyaux rouge flashy afin d’exploser plusieurs ennemis simultanément, sont aussi présentes pour vous faciliter les affaires. Mais comme précédemment, on passe largement à côté de l’effet escompté tant il s’avère laborieux, et au final inutile, de se triturer pour atteindre une valve qui finira par sauter deux heures après le passage de nos vifs zombis. De plus, les munitions et les objets de soins vous seront livrés au compte-goutte, et il ne faudra pas compter sur les quelques sauvegardes automatiques pour vous rassurer en cas de coup dur. Autre défaut regrettable, l’absence de l’inventaire ainsi que de la carte, outils pourtant indispensables pour le vétéran de quelques
Resident Evil ou
Silent Hill que vous êtes. Enfin, le théâtre de vos aventures ne se limitera pas au bateau et vous arriverez plus tard sur la plate-forme de recherche, visiblement coupable de la prolifération et des agissements des Exocels. Ce nouvel environnement est propice à l’arrivée de nouvelles armes : ainsi, en plus de votre pistolet, vous trouverez une mitraillette, un lance-flamme ou encore un lance-grenade très efficace face à une horde de nouveaux ennemis toujours plus coriaces. Si ce titre n’a pas forcément une qualité de mise en scène à vous faire sursauter toutes les dix secondes, il possède néanmoins un
gameplay irascible qui ne laissera pas vos nerfs indifférents.
Chasseur sans cible…
D’un point de vue strictement technique, ce
Cold Fear ne casse pas des briques. En effet, graphiquement plus proche d’un
Silent Hill 2 que d’un
Resident Evil 4, on est presque en lieu de se demander si le jeu n’aurait pas tout simplement quelques années de retard sur son temps. Et pourtant, les différents décors sont plutôt bien réalisés, les éléments qui se déchaînent sont reproduits de manière surprenante, et les différents ennemis bénéficient d’une animation plutôt correcte. Mais ce n’est pas cela qui pourrait rattraper le fade
chara design des protagonistes, le bestiaire semblant pompé sur un
Half-Life de première génération, et une intégration de nos bipèdes polygonaux pas toujours convaincante en fonction des environnements. Etrangement, le personnage principal semble aussi souffrir de quelques problèmes psychomoteurs. Ainsi, lorsque vous avancez en mode visée, le corps de l’agent Hansen reste désespérément droit, rien ne bouge ou n’indique que ledit personnage est en mouvement. Dans le même genre, notre « petit Tom » ne peut pas enjamber des obstacles de plus de 20 centimètres, ce qui dérange d’autant plus lorsque l’on connaît la liberté d’action qu’offre le dernier opus de la saga
Resident Evil.
Les sauvegardes sont quant à elles réparties de manière assez aléatoire et l’on arrive souvent in extremis à cet instant semblant libérateur. Mais parfois, la mort pointe son nez prématurément et l’on se voit alors dans l’obligation de recommencer toute une partie du jeu. Rageant ! Le jeu de caméra est lui aussi perfectible et oblige fréquemment le joueur à passer en mode visée pour avoir un angle de vue correct. De plus, si le jeu a su s’inspirer des qualités d’autres productions, il a malheureusement adopté le système de chargement des premiers
Resident Evil. Ainsi, à chaque fois que vous ouvrirez une porte, vous aurez indéniablement droit à un écran noir, dont la durée ne dépasse pas trois secondes en général, mais qui a pour fâcheux effet de casser cette ambiance déjà peu oppressante à la base. Enfin, la durée de vie est elle aussi relativement courte, car 6 à 10 heures suffiront pour découvrir le dénouement de cette histoire, aux rebondissements scénaristiques dignes des plus grands films de Steven Seagal… Tout un programme pour le joueur intéressé et suffisamment patient pour fermer les yeux sur un
gameplay imprécis, ayant sûrement coûté la vie à plus d’un pad, et une réalisation pas toujours à la hauteur.