Décidément, on pourra dire que NIS America nous aura fait plaisir pour ces fêtes de fin d'année puisque, après un excellent YS VIII, place maintenant à un Danganronpa V3 tout aussi incroyable dans son genre.
Beaucoup ici n'ont jamais joué à la franchise Danganronpa, qui compte désormais quatre épisodes dont un spin-off, pour la bonne et simple raison que la série n'avait jamais été au-delà des sous-titres US, ce qui est beaucoup plus problématique que dans d'autres titres même pour celui qui maîtrise moyennement la langue vu l'avalanche de textes et le besoin primordiale de traduire rapidement. Du coup, notre « V3 », dont le titre donnera son importance pour ceux qui iront suffisamment loin dans l'aventure, va être une bonne occasion pour chacun de s'y mettre puisque l'intégralité du casting reprend à zéro et même s'il y aura quelques clins d'oeil envers les anciens épisodes, parfois d'importance, il sera possible d'apprécier pleinement l'expérience même en prenant le train en marche.
En mettant de coté le spin-off qui abordait un autre genre, cette série repose dans ces trois épisodes sur la même mécanique de progression avec un point de départ scénaristique très « simple » : 16 lycéens (avec la parité totale dans les sexes) se réveillent dans un étrange campus, sans savoir comment ils sont arrivés là. Chacun d'entre eux possèdent une capacité unique qui leur a permis de se démarquer dans la société (pianiste ultime, détective ultime, anthropologue ultime, etc.) mais vont devoir faire face à Monokuma, un ours démoniaque qui va les obliger à s'adonner à une Battle Royale sous quelques conditions qui vont faire tout le sel, car à chaque meurtre, les survivants vont devoir enquêter puis se lancer dans un « procès de classe » pour devoir déterminer par un vote qui est le tueur. Si l'assemblée tombe juste, le coupable est tué à son tour et le jeu reprend avec ceux qui restent. Si vous vous trompez, toute la classe est assassinée, sauf le tueur qui peut repartir.
On ne va pas tergiverser longtemps sur le gameplay car Danganronpa est un jeu purement narratif qui d'ailleurs n'offre pas de choix dans la progression. Vous suivez un fil pré-construit avec un titre qui sait implicitement vous montrer le bon chemin pour ne jamais être bloqué, et les erreurs durant les procès sont sanctionnés d'un faux Game Over puisqu'il est possible de reprendre directement à l'étape en cours, ne causant qu'une perte dans la récompense (des piécettes). Donc vous avez compris que dans son style ultra carré, la franchise devait miser l'intégralité de ses atouts sur son casting, ses dialogues et son scénario. Et heureusement, ça tue, sans mauvais jeu de mot.
Déjà le casting donc, où tout est à prendre et rien à jeter. La Team Danganronpa a de nouveau réussi à pondre des personnages qui peuvent se montrer attachants ou juste marquants, et si quelques uns sont un peu en deçà du reste comme le Détective Ultime, on peut distribuer des mentions à foison entre Gonta, l'armoire à glace qui a pourtant un coeur d'or, Angie et ses délires religieux, Ryoma au passif en inadéquation avec son physique d'enfant, Keebo le robot qui essaye de prouver qu'il est aussi humain qu'un autre, Tenko la misandre pour laquelle un homme est déjà coupable d'être un homme… Mais s'il y en avait deux à retenir, ce serait indéniablement Miu la chaudasse perverse (et on n'abuse en rien avec ces termes) et Kokichi, le « Despote Ultime » et l'une des plus belles réussites de la série tant sa folie se montre perturbante, laissant le joueur incapable d'analyser ses intentions.
Et au milieu de tout cela, le charismatique Monokuma cette fois accompagné de ses « enfants » tous plus tarés les uns que les autres, donnant l'occasion de nombreuses séquences WTF même quand l'occasion ne s'y prête pas, et sachant briser constamment le quatrième mur avec des tonnes de clin d'oeil, jusqu'à apparaître sans grande raison parce qu'il « faut bien faire du placement produit ». Une réussite totale où une fois n'est pas coutume, on n'a jamais envie de passer les textes pourtant à foison, surtout pour profiter d'une des meilleures traductions FR de ces dernières années qui non contente d'être intégrée aux textures du jeu (essentiel pour l'expérience) sait parfaitement capter la psychologie et le ton de chacun, et ne fait jamais dans la moindre goutte de censure. Surtout avec Miu qui n'hésite pas à parler de gros seins, d'érections et autres joyeusetés. On aime, forcément.
Il y avait d'ailleurs tout intérêt à travailler le fond quand on s'aperçoit que le jeu a une très grosse durée de vie pour le style, avec une trentaine d'heures minimum sans trop chercher à fouiller, vu que d'ailleurs rien ne motive dans ce sens. C'est le problème de la série d'ailleurs : dès qu'on sort de la narration, on tombe dans quelque chose de très basique. Alors on ne dira rien sur le rendu graphique assez simpliste mais largement compensé par l'esthétique, mais juste que la progression est sans surprise passé le premier procès. A chaque chapitre, on obtient d'abord de nouveaux objets pour obtenir de nouveaux accès dans le campus, puis on entre dans une phase dite « libre » où l'on peut dépenser des piécettes (ou en gagner au casino) pour acheter des cadeaux et les donner à la bonne personne afin d'affiner nos relations (permettant d'obtenir quelques bonus), puis il y a un meurtre, puis la phase d'enquête puis le fameux procès, et rebelote pour le chapitre suivant.
On ne sort jamais de ce rythme sauf pour le dernier chapitre, ce qui n'empêche pas d'avoir de nombreuses surprises scénaristiques qui permettent sans problème de maintenir le joueur et faire qu'aucun arc ne ressemble de près ou de loin à un autre. On ne sait jamais ce qui nous attend, jamais qui sera le prochain à mourir, qui est le potentiel meurtrier, et on est surtout happé par un fil rouge qui se dessine doucement et dont on veut plus que tout connaître la finalité. Dès le début, le jeu surprend mais c'est sans compter certaines séquences qui peuvent être soit pleine d'ingéniosité comme le chapitre 4 bien trouvé, soit mémorable, ce qui inclus le final proprement prodigieux et parmi les plus couillus qu'on a pu voir jusqu'à présent. On aimerait en dire plus tant il y a à discuter à ce sujet, mais ce serait gâcher de nombreuses choses.
C'est clairement cet ensemble qui fait de DanGanRonPa V3 l'un des grands jeux de cette année. Car oui, ce troisième épisode n'est en rien une révolution par rapport à ses précédents (et ce malgré les déclarations élogieuses des développeurs en début de chantier) puisque les seuls changements se trouvent dans les procès, avec quelques nouvelles étapes parfois sympathiques (les anagrammes, le mode Panique), parfois plus poussives (l'espèce d'Out Run vite répétitif) et d'autres fois plus banales (le face à face). Le meilleur reste donc les passages déjà connus à tenter de trouver chaque faille dans les arguments, en les contrant, les approuvant ou (parfois) en devant mentir pour faire progresser les choses. On peut donc râler devant le manque de nouveautés mais peut-être moins quand on sait que ce sera peut-être le dernier épisode de la série vu la lassitude semi-avoué du scénariste. Après un tel final, l'homme peut de toute façon partir l'esprit tranquille.
Les plus
Les moins
+ Le casting dantesque
+ Le scénario haletant
+ Les musiques
+ Des passages marquants
+ Une fin qui met sur le cul
+ Les procès toujours réussis
+ 30 à 40h pour un rush
+ La qualité de la trad FR
- Progression assez basique
- Peu de nouveautés
- Certains mini-jeux
Conclusion : Incroyable de bout en bout, DanganronpaV3 incarne le summum du genre narratif, validant avec mention chaque étape d'importance pour le style, du scénario aux personnages en passant par les dialogues, les rebondissements, le doublage (japonais) et la qualité de la traduction FR. Son principal défaut reste peut-être le manque de nouveautés par rapport aux précédents mais vu que ce sera sûrement le premier épisode pour beaucoup, oubliez ce détail et sautez de suite dessus, ne serait-ce que pour récompenser NIS America et la localisation apportée.
Le jeu est un pur chef d'oeuvre ! Le scénario est ouf, les procès passionnants, inattendus et bourrés de twist dans tous les sens ! Les personnages sont attachants, ont plein de charme et il est très très dur de les voir nous quitter !
A titre personnel je déteste la fin du jeu ! Je la trouve ignoble, elle gâche absolument tout pour moi ! Mais en la mettant de côté pour me concentrer sur le reste alors que dire si ce n'est QUEL JEU PUTAIN !
9/10
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