"Bonjour, je suis tombé par hasard sur ce site et je souhaitais apporter une modeste contribution (tardive) à votre discussion. Une discussion passionnée et argumentée de personnes qui connaissent le cinéma à défaut d'être d'accord. J'ai eu le privilège et la chance de travailler auprès de John Woo qui est un homme admirable et un cinéaste hors du commun. Je ne vais pas chercher à vous convaincre que tel ou tel film est un chef d'oeuvre, cela reste subjectif et inhérent au goût de chacun. En revanche, il y a deux certitudes objectives : D'une part, John Woo a révolutionné le film d'action avec The killer, A better tomorrow et Hard-Boiled. Après ces films, plus personne n'a filmé les scènes d'action comme on le faisait avant. Son influence sur beaucoup de réalisateurs est incontestable, ce sont eux-mêmes qui le disent, à commencer en effet par Tarantino. D'autre part, si sa carrière américaine a connu des épisodes moins heureux, il a quand même signé Face Off qui frise l'excellence dans tous les domaines. A moins d'être de mauvaise foi, s'il est un film qui peut mériter le qualificatif "chef d'oeuvre" dans ce genre, c'est bien ce film là. Enfin, j'aimerais rectifier quelques inexactitudes. John est reparti faire des films en Chine d'une part parce qu'il supportait de moins en moins l'ingérence des studios dans son travail (aux US, très peu de réalisateurs ont le final cut) et d'autre part parce qu'il avait l'envie profonde de renouer avec ses racines et de réaliser Red Cliff (les trois royaumes), ce qui lui a d'ailleurs pris trois ans (et une partie de sa santé). On peut ne pas aimer Red Cliff mais on ne peut contester l'exceptionnelle mise en scène de Woo. La fin de l'histoire, pour faire un raccourci, est plus complexe notamment parce que John est tombé gravement malade en 2012. Sa rémission lui a permis de revenir derrière la caméra mais peut être en effet avec moins d'inspiration. Quoi qu'il advienne, John Woo restera l'un des grands réalisateurs de l'histoire du cinéma. L'un des plus grands en ce qui me concerne. Hugo Bergson"