Les temps ont décidément bien changé pour les majors du jeu vidéo, et notamment en France. Toujours la cible d’OPA hostiles, UbiSoft annonçait récemment des chiffres décevants pour son dernier trimestre 2005, et multiplie depuis les annonces de distribution pour rassurer les marchés. Dernier en date : un accord de distribution de jeux Capcom en France.
Quand les chiffres parlent pour Infogrames
Cette semaine, c’est Infogrames / Atari, premier éditeur européen et deuxième éditeur mondial, qui annonçait ses résultats pour son troisième trimestre fiscal - soit de septembre à décembre 2005. Verdict : un chiffre d’affaires de 170,8 millions d’euros pour Infogrames, en baisse de plus de 20% par rapport à l’année précédente. Ces résultats s’expliquent essentiellement par la contre-performance d’Atari, division américaine d’Infogrames, dont le CA s’est élevé à 75,5 millions d’euros, en recul de quelques 40%. L’Europe se porte mieux, avec un CA en progression de 12%.
Contrairement à la même période un an plus tôt, les jeux issus de licences se sont moins bien vendues, notamment aux Etats-Unis. Le dernier Matrix en est le meilleur exemple, alors que les derniers DBZ n’ont pas réussi à sauver la mise pour Noël et Thanksgiving.
Plus inquiétant, la dette du groupe est toujours aussi élevée – 10,1 millions d’euros net en novembre dernier, et les banques commencent à s’impatienter. Alors qu’HSBC refuse de renégocier son remboursement, Atari émet purement et simplement des « doutes importants » quant à sa capacité à poursuivre son activité. Certains analystes annoncent déjà la mort de la marque historique, alors qu’une cession parait peu probable compte-tenu de sa situation financière actuelle.
Des mesures radicales
Les choix sont limités pour Infogrames. Pour sauver le groupe, ses dirigeants seront sans doute dans l’obligation de vendre des actifs et notamment certaines de leurs licences. Un sacrifice d’Atari n’est pas non plus à exclure.
Quel revers par rapport à la politique de rachat menée par le groupe il y a encore quelques années ! Alors que Jean-Claude Larue, alors président d’Infogrames Europe, m’expliquait pourtant le rachat d’Hasbro Interactive par une phrase laconique : « Hasbro nous a couté moins cher que notre nouveau building à Boston ». Nous ne doutons pas que celui qui est désormais délégué général du SELL (Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs) et qui a encore « sévi » la semaine dernière dans l’excellente émission 8-FI de Direct 8, ne tiendrait plus aujourd’hui le même discours.
Quoi qu’il en soit, la « Bruno Bonnel’s company » va être contrainte de revoir à la baisse ses ambitions. La stratégie du groupe pour faire face à cette situation n’a pas encore été annoncée, mais la nouvelle arrivée à échéance de prêts au 31 mars devrait nous permettre s’en savoir davantage d’ici là.
souce: puissance-games