Après de bien lointains Doom, Doom II, et plus récemment un Alice version « pays de l’angoisse », le producteur aux idées noires American McGee nous revient avec un nouveau titre sombre nommé Scrapland. Si ce nom ne vous dit peut-être pas grand-chose, c’est sans doute parce qu’il souffre tout comme Alice d’un manque de propagande certain pour un soft difficilement abordable, tant pour son graphisme particulier que pour son ambiance dérangeante. Développé par Mercury Steam Entertainment et édité chez Enlight Software, les innovations ne manquent pourtant pas pour ce jeu mêlant course, action, aventure et infiltration… Tout un programme.
Scrapland, un étrange nom signifiant littéralement « terre de débris »… Et pour cause, l’astéroïde
Scrapland n’est autre que notre ancienne Terre, exploitée à outrance jusqu’à épuisement de ses ressources par l’homme. Devenue zone d’accueil à présent confinée par et pour les robots, rejetant et craignant la race humaine ayant déserté la planète devenue inhabitable pour eux. Ainsi, vous incarnerez donc un robot du nom de D-Tritus, s’étant construit tout seul pièce par pièce, en mal d’aventure et accostant pour la première fois sur cette nouvelle Terre hostile. Après avoir subi un petit scan, l’androïde apprend qu’il existe une machine, la
Great Data Base (comparable à une matrice), capable de reconstruire instantanément un être détruit grâce aux informations contenues dans sa base de données. La mort n’existe donc pas dans cette cité de toutes les technologies… Belle utopie. Car les évènements se bousculent et finissent par ne plus se ressembler, en particulier lors de l’assassinat de l’Archevêque de Chimera (la cité des robots) dont les données mères ont été effacées. Pour la première fois, « La Mort » frappe bel et bien et il semblerait que l’auteur soit humain. Suite à ces faits, D-Tritus se voit confier un poste de journaliste pour une chaîne locale, et doit enquêter sur le meurtre récemment commis. Votre première tâche est de vous infiltrer sur les lieux du crime, alors réservés aux forces de police uniquement, afin d’y photographier de quelconques indices susceptibles de lever le voile sur cette affaire. Le job se passe alors en plusieurs temps en commençant par la course suivie de l’infiltration, le tout dans une action permanente et une aventure de grande envergure.
Différents gameplays
La première fois que vous prendrez le contrôle de notre chère boîte de conserve bipède, un constat s’imposera à vous automatiquement : ça rame, ou du moins c’est ce que l’on perçoit visuellement. Car en effet pour une obscure raison, les développeurs ont eu l’idée de paramétrer (par défaut) une option de désynchronisation horizontale et verticale de la souris, ayant pour effet indésirable une précision de mouvement décalée d’à peu près une seconde par rapport à l’action voulue. Mais passons outre ce petit désagrément (modifiable dans les options) et voyons à présent ce que ce titre a dans le ventre. Tout d’abord, il était impératif de bien situer le contexte afin d’examiner plus précisément le
gameplay qui nous est offert ici. Si ce dernier ressemble schématiquement à un
Grand Theft Auto futuriste, dans son déroulement scénaristique ou dans les possibilités attribuées au joueur, il en est tout autre. En premier lieu, intéressons-nous à la partie conduite du soft de
Mercury Steam Entertainment. A ce propos, de nombreuses possibilités sont habilement amenées au joueur, et il sera ainsi possible de construire son propre vaisseau : du choix de la coque jusqu’à la résistance de l’engin, en passant par le choix des propulseurs et bien sûr, des armes. Tout au long de l’aventure, vous découvrirez de nouveaux plans de carcasses ou autres engins de mort vous permettant de faire évoluer votre véhicule à loisir (à noter que vous pouvez en contenir jusqu’à une dizaine dans votre hangar, variant les modèles selon leurs utilités : poids, résistance, vitesse et armement).
Et tout ceci ne sera pas de trop dans ce monde mécanique aussi dangereux que beau. Les vaisseaux fusent de toutes parts, les mitrailleuses sifflent, les décors sont dantesques, les effets de flous et de lumières sont absolument magnifiques, et les ennemis sont plus redoutables que jamais que ce soit lors des duels de vitesse ou des joutes de plasma. Un gros bémol se fait néanmoins sentir pour cette version PC, la souris n’étant pas l’outil idéal pour manipuler votre bête de course dans des circuits trop sinueux. Mais comment cela se passe-t-il en dehors du vaisseau ? Et bien assez simplement, les possibilités de notre sympathique héros étant mine de rien plutôt limitées (capacité à dialoguer avec tous les protagonistes) en tant que D-Tritus. Car l’ingéniosité du soft réside dans la possibilité que ce dernier a de pouvoir prendre l’apparence ainsi que les aptitudes d’une quinzaine de personnes différentes, via un accès privilégié à la
Great Data Base. Les capacités sont donc multipliées et des plus variées : ainsi en endossant l’identité d’un soldat des forces de l’ordre, vous aurez la possibilité d’accéder à des lieux non visitables pour le touriste que vous êtes, et aurez la faculté spéciale de pouvoir collecter des taxes à tout citadin robotique que vous croiserez. En vous substituant à bien d’autres personnalités, vous deviendrez apte à sauter, lancer des rayons dévastateurs, ralentir le temps, voler l’argent des passants ou encore usurper l’identité du meilleur ami du chef de la police… Mais attention, tout ceci doit se passer sans se faire repérer par les sentinelles scannant en permanence vos alentours, et vu leur nombre conséquent, ce n’est pas une mince affaire.
Eblouissant !
Techniquement, le jeu est une pure réussite et ce malgré un
character design qui pourrait en effrayer plus d’un. Non qu’il soit mauvais ou glauque à souhait, mais plutôt un antagonisme de ce qui se fait sur le marché courant des jeux vidéo. Chaque protagoniste est une véritable « gueule cassée », et l’on sent l’inspiration d’American McGee dans ces robots tous plus recyclés les uns que les autres. Il en est de même pour l’ambiance générale du soft, imprégnée d’une sauce sombre et caverneuse des rouages de toute cette mécanique décadente, semblant refléter l’évolution du monde dans lequel nous vivons. Bien qu’étant coloré, l’univers n’en reste pas moins morose et superbement réalisé dans des décors à la profondeur abyssale et à l’architecture labyrinthique (vous aurez d’ailleurs vite fait de vous perdre durant les premières heures de jeu, une map du monde dans sa globalité n’étant pas disponible).
Mercury Steam Entertainment signe ici une petite merveille graphique, mais il vous faudra néanmoins une petite bête de technologie pour en apprécier toutes les saveurs. Côté son, les développeurs ne se sont pas moqués de nous non plus et nous offrent des thèmes sublimes, ainsi que des doublages de très bonne facture pouvant rappeler ceux d’un
Grand Theft Auto : San Andreas, de par l’utilisation toute particulière de ce vocabulaire (si subtile) proche de nos bons dialectes des rues les moins fréquentables, l’humour d’American McGee en plus.
Pour conclure, cette version preview de Scrapland possède de grandes qualités techniques et un scénario mis en scène au travers de plus de 140 missions, qui maintiendront en haleine de longues heures le joueur intéressé par cet univers si particulier. Car oui, Scrapland n’est pas un titre commun et joue très gros en choisissant un style graphique aux antipodes des clichés. En proposant un gameplay riche à mi-chemin entre un Grand Theft Auto et un Beyond Good & Evil, ce soft réserve de très bonnes surprises… A confirmer lors de sa sortie officielle le 18 février prochain.
posted the 02/10/2005 at 06:20 PM by
Gamekyo